« Afrique en présences. Du monde atlantique à la globalisation néolibérale », de Jean-Pierre Dozon, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, juin 2015, 200p.
Constamment revient le stéréotype d’une Afrique dépourvue d’histoire, d’écriture, de capacité de développement, absente des grands mouvements économiques et technologiques de la globalisation en cours. À rebours d’une telle image négative, ce livre s’emploie à mettre en avant les multiples présences de l’Afrique, à commencer par celle qui en a fait, en de nombreux domaines, une composante de premier plan de la fabrication de la modernité occidentale.
Revisitant ainsi un demi-millénaire d’histoire tourmentée avec l’Europe, en particulier les entreprises coloniales de la fin du XIXe siècle, il montre en quoi cette modernité fut largement interculturelle et comment l’Afrique, par le fait de ne pas avoir subi passivement la domination européenne, a inventé très vite la sienne et participé à de grands courants d’idées internationaux tels que le tiers-mondisme et le panafricanisme.
Revenant également sur la période récente, faite à la fois de crises et de violences en tout genre, des intérêts que lui manifestent désormais d’autres puissances que celles qui l’ont colonisée et de dynamismes économiques, démographiques, religieux et artistiques, ce livre fait découvrir une Afrique singulièrement baroque, bien plus en phase que l’on ne croit avec son époque et les turbulences du monde.
Jean-Pierre Dozon est anthropologue, directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Auteur d’une dizaine d’ouvrages, notamment L’Afrique à Dieu et à Diable. États, ethnies et religions (Ellipse, 2008), Les clefs de la crise ivoirienne (Karthala, 2011) et Saint-Louis du Sénégal. Palimpseste d’une ville (Karthala, 2012), il a travaillé principalement en Afrique de l’Ouest, sur des questions de développement, de santé, sur les problèmes ethniques, sur les entremêlements du politique et du religieux, ainsi que sur les relations franco-africaines et sino-africaines. Il est également directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), membre de l’Institut des mondes africains (IMAF) et directeur scientifique de la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH).