Dans le cours des profondes transformations qui agitent aujourd’hui la recherche en sciences sociales, les Éditions de l’EHESS, au même titre que l’École elle–même, ont une spécificité à mettre en avant. Les Éditions n’ont jamais été le simple réceptacle des travaux élaborés au sein de l’École ou dans son périmètre intellectuel. Tout en s’en faisant l’écho et en donnant ainsi à leur catalogue un éclat dont on peut se flatter, tant les signatures qui y figurent demeurent des références majeures, elles ont toujours été un acteur à part entière dans l’innovation intellectuelle dont l’EHESS s’est toujours voulue porteuse. Les plus authentiques programmes y ont vu le jour : projet éditorial et projet scientifique y ont été de pair.
Cette ligne, il conviendra de la défendre avec force dans les mois et les années à venir. Elle permet de maintenir cet outil majeur de la recherche en sciences sociales à son plus haut niveau. La réputation internationale des Éditions de l’EHESS sera ainsi en mesure de conserver son statut actuel tout en s’ouvrant à de nouvelles recherches et à de nouvelles générations. Le projet qui porte les éditions est scientifique. Les trois axes de sa politique éditoriale l’illustrent : publier les travaux de recherche vive, rendre compte des controverses épistémologiques, se saisir des débats sociétaux pour fournir des perspectives décalées et scientifiquement de pointe.
Parmi les autres défis auxquels les Éditions de l’EHESS doivent aujourd’hui faire face, celui de la visibilité n’est pas le moindre. Il est urgent que l’énorme capital intellectuel que représentent l’EHESS et ses éditions puisse rencontrer un public plus étendu que la seule communauté des chercheurs en sciences sociales. La collection « Cas de figure » va être relancée avec pour objectif de rapprocher deux temporalités souvent disjointes : l’actualité politique et sociale d’une part, le rythme plus lent de la recherche, d’autre part. On fait le pari que des compromis sont possibles. Les commandes partant de l’intérieur du milieu scientifique que représentent les Éditions de l’EHESS, il sera plus aisé de rapprocher les questions que posent la société et les réponses que la recherche en sciences sociales est en mesure de formuler. Les auteurs de « Cas de figure » se saisissent eux–mêmes des débats sociétaux et choisissent les termes du débat.
L’une des réponses que souhaitent aussi apporter les Éditions de l’EHESS est de multiplier les rencontres publiques, en association avec les Cercles de formation, permettant à différents acteurs de réfléchir, en professionnels, autour de la question de l’édition scientifique et de sa diffusion. On sait que l’avenir de l’édition papier et l’avancée fulgurante du numérique se placent parmi les premiers sujets actuels de préoccupation. Mais il en est bien d’autres qui touchent notamment à la place des chercheurs en sciences sociales dans les débats contemporains. Les Éditions de l’EHESS se doivent de contribuer à ces échanges.
Cette réflexion collective ne peut évidemment se limiter à l’échelle hexagonale. Une autre initiative en cours vise à mettre les Éditions de l’EHESS à la tête d’une action internationale visant à confronter les expériences des presses scientifiques en Europe et dans le monde. Une table ronde doit prochainement être organisée avec les éditions universitaires de l’Europe centrale et orientale. D’autres suivront.
Les Éditions de l’EHESS resteront ainsi fidèles à ce qu’elles ont été : une maison d’édition exigeante et originale dans le paysage à la fois éditorial et scientifique.
Les 8 et 9 avril 2008, Paris
Colloque international organisé par Georges Roque, Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS – EHESS).
Le raisonnement scientifique et l’argumentation juridique utilisent de nombreuses images qui interviennent au sein de processus argumentatifs et peuvent en venir à servir de preuve : tableaux, schèmes, graphes, diagrammes, dessins, croquis de reconstitution des faits, photographies. Mais comment se sert–on de ces images à des fins probatoires ? Plus précisément, comment une image est–elle fabriquée, transformée, utilisée et interprétée pour devenir un élément de preuve et emporter l’adhésion, qu’il s’agisse d’un raisonnement scientifique ou d’une argumentation juridique ? Et quelles sont, dans les deux cas, les analogies et les différences ? Cette rencontre, à laquelle participent de spécialistes de plusieurs disciplines, devrait aider à mieux comprendre comment les dispositifs probatoires, tant juridiques que scientifiques, s’articulent avec la « pensée visuelle ».
Programmme détaillé : http://actualites.ehess.fr/
download.php?id=576
Lieu : EHESS — amphithéâtre — 105, bd Raspail — 75006 Paris & Alliance française — amphithéâtre — 101, bd Raspail — 75006 Paris
Contact : Georges Roque — roque@ehess.fr
Les 1er, 8 et 15 avril, 18h–20h, Paris
L’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM), en partenariat avec le Collège de France, propose trois conférences dans le cadre d’un cycle intitulé : L’Islam au quotidien.
Programme détaillé : http://iismm.ehess.fr/document.php?
identifiant=conferences
Lieu : EHESS — amphithéâtre — 105, bd Raspail— 75006 Paris
Jeudi 3 avril, 9h–17h30, Paris
Colloque organisé par Violaine Girard, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux – sciences sociales, politique, santé (IRIS), Julien Langumier (RIVES – CNRS), Cécile Quesada, Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie (CREDO) et Sandrine Revet, Centre de recherche et de documentation sur l’Amérique latine (CREDAL, Université Paris 3).
Journée consacrée à l’appréhension du risque et de la catastrophe en ethnologie. La construction de l’objet renvoie à la fois à la manière dont sont définies certaines situations comme « dangereuses » et certains événements comme « catastrophiques » mais aussi à la manière dont les populations s’en saisissent localement (thème 1). La pratique de l’anthropologie dans un contexte de crise conduit à mobiliser des travaux connexes sur la nature, le témoignage, la maladie, la mémoire. Elle interroge en particulier l’articulation entre le temps court de la crise et le temps long du quotidien (thème 2). Enfin, l’observation de la confrontation entre les interventions gestionnaires et les pratiques vernaculaires dessine le champ d’une anthropologie politique de la crise et du risque (thème 3).
Programme détaillé : http://iris.ehess.fr/document.php?
id=668
Lieu : EHESS — salle Lombard — 96, bd Raspail — 75006 Paris
Contact : Émilie Jacquemot — iris@ehess.fr
Mardi 8 avril, 9h–18h30, Aix–en–Provence
Journée d’études organisée par Francesca Sirna, Sociologie, histoire, anthropologie des dynamiques culturelles (SHADYC) en collaboration avec Annalisa Lendaro, Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST, CNRS) et Maurizio Ambrosini (Università degli Studi di Milano).
Le premier atelier, « Politiques migratoires et marchés de l’emploi », vise une perspective macrosociologique et historique du phénomène migratoire et de ses relations avec le marché du travail. Dans le deuxième atelier, « Les Acteurs de la Migration : emploi et parcours d’insertion », il sera question des immigrants–émigrants et de leurs parcours d’insertion : la dimension individuelle et configurationnelle des agents sera privilégiée. La journée se terminera par un atelier centré sur l’analyse d’intermédiaires : l’entreprise et le syndicat, en tant qu’instances sociales potentiellement médiatrices des politiques étatiques et de l’action des destinataires de ces mesures.
Programme détaillé : http://actualites.ehess.fr/nouvelle
2816.html
Lieu : Maison méditerranéenne des sciences de l’homme — salle Georges Duby — 5, rue du Château de l’Horloge — 13100 Aix–en–Provence
Contact : Francesca Sirna — francesca.sirna@aliceadsl.fr
Jeudi 17 avril, 9h30–17h30, Paris
La 13e Journée du Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud est organisée par Catherine Clémentin–Ojha (CEIAS) et Daniela Berti (Milieux, Cultures, et Sociétés en Himalaya — CNRS).
L’anthropologie juridique est une discipline en pleine expansion, mais elle reste peu pratiquée par les spécialistes de l’Asie du Sud. Le Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud voudrait attirer l’attention sur l’intérêt qu’elle présente pour mieux comprendre les sociétés indienne et pakistanaise. À cette fin, il a choisi de consacrer sa journée annuelle à l’examen des rôles, interactions et procédures juridiques en Asie du Sud.
Programme détaillé : http://actualites.ehess.fr/nouvelle
2828.html
Lieu : EHESS — amphithéâtre — 105, bd Raspail — 75006 Paris
Contact : Catherine Clémentin–Ojha — catherine.clementin–ojha@ehess.fr
Mercredi 9 avril, 18h–20h30, Paris
Dans le cadre d’un cycle de soirées mensuelles, projection de deux documentaires en présence des réalisateurs Michèle Fiéloux (Laboratoire d’anthropologie sociale) et Jacques Lombard (Institut de recherche pour le développement).
En quoi la mobilisation d’une figure de l’imaginaire dans le cadre d’un rituel de possession révèle–t–elle un univers commun à une même communauté ? En quoi ouvre–t–elle un espace original de dialogue ? Pour y répondre, deux essais d’écriture s’efforçant de rendre explicite dans une narration cinématographique le mouvement complexe d’une transformation qui affecte autant l’image de la personne possédée que ses attitudes ou ses niveaux de conscience. Transformation qui se lit dans la relation spéculaire engagée entre le sujet concerné et les personnes qui communiquent avec lui.
Lieu : EHESS — amphithéâtre — 105, bd Raspail — 75006 Paris
Par Isabelle Backouche, Laurent Barry, Agnès Bastien, Giovanna Cifoletti, Yves Cohen, Liora Israël, Frédéric Joulian, Kristell Olsen, Danièle Poublan, Monique de Saint–Martin et Christian Topalov, membres de la Commission Égalité professionnelle.
Minoritaires dans le corps enseignant de l’EHESS, les femmes n’occupent en 2008 que 15% des postes de directeurs d’études. Une telle situation les place en position plus défavorable que dans la plupart des institutions universitaires et de recherche en France. A l’inverse, les femmes sont majoritaires dans les services administratifs et davantage représentées dans les corps d’ITA. Et leurs conditions de travail relèvent d’une véritable réflexion dans le cadre d’un questionnement sur l’égalité professionnelle. Ces constats n’appellent pas seulement une mobilisation intellectuelle mais aussi des mesures concrètes afin que l’état actuel ne se perpétue pas.
Chercheuses en sciences sociales, et sensibles à cette conjoncture, les femmes de l’EHESS ont engagé depuis plusieurs années diverses initiatives. Une journée d’études, organisée par un collectif en 2003, a proposé une réflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’EHESS, et a permis de collecter des éléments chiffrés, d’inscrire la situation présente dans l’histoire de l’institution et de la comparer avec celle d’autres organismes de recherche. Une enquête qualitative, fondée sur des entretiens avec des femmes du corps enseignant, est en cours.
En 2004, Danièle Hervieu–Léger, présidente de l’EHESS, a chargé Isabelle Backouche, maître de conférences à l’EHESS, d’une mission sur la place des femmes à l’EHESS. Une commission s’est alors réunie autour de la question de l’égalité professionnelle des femmes et des hommes pendant près d’un an, groupant tous les personnels de l’EHESS, hommes et femmes. Elle s’est donné pour objectif de faire un état des lieux de la question dans l’institution et des recommandations pour l’avenir.
Le rapport rendu en septembre 2007, disponible sur le site de l’EHESS, s’appuie notamment sur la loi dite Génisson, adoptée le 9 mai 2001, afin d’envisager les possibilités d’application à l’EHESS. Le législateur impose à toute entreprise privée ou organisme public de publier un bilan numérique de la présence respective des femmes et des hommes. L’approche par les chiffres permet de mettre en valeur de façon fine le déséquilibre entre les deux sexes, de cerner au plus près les statuts des femmes présentes dans l’institution et de faire valoir la relative fragilité des évolutions récentes.
En effet, à rebours de l’idée que la situation s’améliore pour les femmes à l’EHESS, le rapport montre que la prise en compte des facteurs d’inégalité professionnelle propres aux femmes nécessite la mise en place d’un service plus global qui traite des conditions de travail dans l’institution. En ce qui concerne la mise en oeuvre de la loi Génisson, une mise à jour des décrets d’application est indispensable afin que la disposition concernant la composition des jurys de sélection des enseignants puisse s’appliquer. À cet égard, la commission, soucieuse de fonder sa réflexion sur des données solides, a initié une enquête sur les élections à l’EHESS depuis 20 ans qui a fait l’objet d’un rapport rendu en janvier 2008, bientôt disponible sur le site de l’EHESS (Vingt ans d’élections à l’École des hautes études en sciences sociales (1986–2005). Synthèse des résultats d’enquête, par Stéphane Baciocchi, Isabelle Backouche, Pascal Cristofoli, Olivier Godechot, Delphine Naudier, Christian Topalov avec la collaboration de Fabien Cardoni et Emmanuel Taïeb, Paris, École des hautes études en sciences sociales, janvier 2008).
Ainsi, il est apparu à la commission que la question de l’égalité professionnelle des femmes et des hommes à l’EHESS doit être envisagée en tant que telle mais dans un contexte plus large de prise en compte des relations professionnelles dans l’institution. Il a semblé également important de mettre en œuvre un dispositif de veille sur cette question qui soit à la charnière entre une dynamique portée par celles et ceux qui souhaitent améliorer la situation des femmes à l’EHESS et une forme d’institutionnalisation qui manifeste le souci de l’EHESS de ne pas rester à l’écart de cet enjeu social.
Cours au Collège de France, 1982–1983
Michel Foucault
collection « Hautes Études » | 2008 | 400 pages | 27 €
Ce cours prononcé en 1983 est particulièrement précieux, les études qu’on y trouve n’ayant donné lieu à aucune publication du vivant de Foucault. La question qu’il soulève est : quel gouvernement de soi doit–on poser à la fois comme fondement et comme limite au gouvernement des autres ? Foucault dans ce cours se situe au sein d’un héritage philosophique et problématise le statut de sa propre parole.
Annales. Histoire, Sciences sociales, n° 1.2008 | mars 2008 | 238 pages + X | 17 €
Au sommaire : Millénarisme — Histoire et théorie des jeux — Droit et capitalisme — Rituels civiques — L’affaire Toaff
Un ensemble de recensions consacrées à l’histoire religieuse complète ce numéro.
Marc Abélès
Payot | 2008 | 280 pages | 21,50 €
Gestes, luttes, programmes
Philippe Artières et Mathieu Potte–Bonneville
Les prairies ordinaires | collection « Essais » | 2007 | 384 pages | 22 €
(1962–1981)
Philippe Artières et Michelle Zancarini–Fournel (eds)
La Découverte | 2008 | 829 pages | 28 €
Retour sur les mots et les idées
Serge Audier, Marc Olivier Baruch et Perrine Simon–Nahum (eds)
Éditions de Fallois | 2008 | 234 pages | 26 €
Une anthropologie historique de la guerre moderne (xixe–xxie siècle)
Stéphane Audoin–Rouzeau
Seuil | collection « Les livres du nouveau monde » | 2008 | 321 pages | 21 €
Journal des anthropologues
Laurent Bazin, Robert Gibb et Monique Selim (eds)
Association française des anthropologues | Hors–série | 2007 | 239 pages | 12 €
Entre castes et Églises
Catherine Clémentin–Ojha
Albin Michel | collection « Planète Inde » | 2008 | 287 pages | 21 €
Marcel Detienne
Gallimard | collection « Folio Histoire » | 2007 | 222 pages | 7,40 €
L’Afrique miroir du contemporain
Jean–Pierre Dozon
Quæ | collection « Parcours et paroles » | 2008 | 290 pages | 38 €
Journal des anthropologues
Laurent Sébastien Fournier et Gilles Raveneau (eds)
Association française des anthropologues | 112–113 | 2008 | 463 pages | 22 €
Comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines (1800–1940)
Delphine Gardey
La Découverte | collection « Textes à l’appui / Anthropologie des sciences et des techniques » | 2008 | 315 pages | 25 €
Religion, genre et pouvoir en Polynésie française
Gwendoline Malogne–Fer
Karthala | collection « Mémoire d’Églises » | 2007 | 505 pages | 32 €
Les historiens dans la mêlée
Christophe Prochasson
Demopolis | 2008 | 249 pages | 24 €
À la recherche de l’écodéveloppement
Ignacy Sachs
Bourin | collection « Mémoires » | 2007 | 403 pages | 21 €
Roman colonial de l’incertitude
Jean–Frédéric Schaub
Seuil | collection « La librairie du xxie siècle » | 2008 | 205 pages | 20 €
Études interdisciplinaires sur le monde insulindien
Association Archipel | 75 | 2008 | 279 pages | 22 €
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