Atelier Broken Memory

EHESS, salle 6  -  105 bd Raspail  -  75006 Paris
Dans le cadre de l'atelier Broken Memory, projet de recherche et d'exposition sur la question de la restitution (exposition prévue à Bamako en hiver 2006), Bernard Müller invite Adepeju Layiwola (Université de Lagos, Nigeria) qui interviendra sur le thème suivant:


Le passé colonial surgit dans l'actualité. Depuis une quinzaine d'années se multiplient les mouvements qui militent en faveur de la réparation des exactions commises par les États européens au cours de leur expansion moderne. Esclavage, conquête coloniale, administration coloniale, etc. sont remis à l'ordre du jour de manière à instruire le procès de la colonisation.

Parallèlement, on constate une augmentation du nombre des demandes de restitution d'objets saisis au cours de la conquête coloniale. Plusieurs objets ont pris le chemin du «retour» comme le sceau du dey d'Alger saisi par l'armée coloniale française en 1830 et «rendue» au président Boutéflika par Jacques Chirac le 2 mars 2003 ou tout récemment, l'obélisque d'Aksoum (Éthiopie) emportée par les soldats Italiens en 1937 vient d'être restituée. D'autres objets, font toujours l'objet d'une demande de restitution à l'instar des bronzes du Benin (Nigeria) réclamés par le gouvernement Nigérian, de la couronne de Montezuma réclamée par le gouvernement mexicain au gouvernement autrichien ou des archives royales de la dynastie Choson (Corée) dérobée par les forces navales françaises en 1866 et se trouvant aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France, etc.

Dans le même mouvement, les anciennes puissances coloniales commencent à reconnaître certaines «exactions coloniales» et à formuler des «excuses» : l' Allemagne reconnaît sa responsabilité dans le génocide Herero en août 2004, le 8 mai 2004 la France déclare que les massacres de Sétif sont «inexcusables», une loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité est votée en 2001, des expositions critiques se montent (à l'instar de « La mémoire du Congo. Le temps colonial belge » Musée Royal de Tervuren, Belgique), etc.

Le projet Broken Memory souhaiterait montrer – à travers une série d'études de cas – que les demandes de restitution ne répondent pas seulement à une exigence morale de réparation mais relèvent aussi d'une remise en jeu dont les règles se comprennent en fonction de rapports politiques et sociaux actuels. Entre lois du marché de l'art, logiques muséales, politiques en faveur de la «diversité culturelle» et de la «sauvegarde des patrimoines» et mouvements régionalistes, on tentera de comprendre de quels enjeux contemporains l'objet – et notamment le butin des guerres coloniales – devient le vecteur.
Date
  • le vendredi 13 mai 2005 à 16h
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