Séminaire de recherche « La normativité exemplaire entre droit, philosophie, histoire et littérature », le 10 novembre 2015 de 15h30 à 19h30 (salle 318 190-198 avenue de France 75013 Paris).
La question de l’exemplarité joue un rôle important en morale, littérature et rhétorique, mais il ne faut pas sous-estimer sa fonction pour comprendre les modalités de construction de la règle sociale et juridique.
D’un point de vue littéraire, moral et religieux, on parle de figures exemplaires lorsque l’attention tombe sur la singularité de la vie en tant que modèle historique universel. Certaines vies exemplifient une synthèse entre l’expérience individuelle et la situation historique qui l’accueille. Dans le domaine de la communication publique, l’exemplarité permet d’incorporer la valeur universelle du message dans les contextes différentes qui pourront être fécondés par ce dernier.
Quant au droit, l’exemple véhicule une forme de normativité qui ne correspond pas aux modèles élaborés par les pensées empiristes et rationalistes pour définir la structure et la fonction d’une règle juridique. C’est dire que l’exemple occupe un espace normatif hybride au delà de l’opposition classique entre formalisme et réalisme. Certaines typologies institutionnelles (arrêts des cours souveraines, précédents judiciaires, contrats typiques, standards, etc.) possèdent une force exemplaire dans la mesure où elles réussissent à orienter les conduites des acteurs plus que d’autres instruments juridiques. Ces énoncés paradigmatiques ont vocation à dynamiser l’opérativité de la règle juridique sans pour autant la rabattre sur la dimension strictement empirique des acteurs sociaux. En tant que norme, l’exemple se situe certes au point d’intersection entre la dimension positive des règles de droit et leur interprétation. Cependant, l’aspect qui mérite d’être problématisé davantage concerne la capacité de l’exemple à reduire l’espace séparant traditionnellement le droit et le fait. Il suffit de
penser que dans le droit américain une landmark decision, à savoir un cas exemplaire, tient au fait qu’un événement particulier est qualifié en termes juridiques sur la base d’un jugement ne s’appuyant pas exclusivement sur un raisonnement déductif (voir Obergefell v. Hodges, Jones v. US).
De façon plus générale, les normes exemplaires apparaissent sous des formes différentes dans chaque culture juridique : si dans le common law americain, le précédent judiciaire revêt une importance tout à fait spécifique, dans le contexte de civil law les formes d’exemplarité se caractérisent par leur présence plus “discrète” (Landgericht Köln - N. 151 Ns 169/11; Enel v. Costa; Scordino v. Italy).
L’atelier s’attachera à montrer la manière dont philosophes, littéraires et juristes parviennent à cerner les potentialités normatives de l’exemple ainsi que sa force descriptive des relations sociales. Pour le droit, en particulier, il s’agit de rattraper un retard sur un sujet qui, visiblement, remet en cause le penchant autoréferentiel des juristes.
(14h30 – 19h30)
14h30-14h45
14h45-15h25
15h25-16h05
16h05-16h45
17h00-17h40
17h40-18h10
18h10 – 19h30 Conclusions et perspectives
Entrée libre
Atelier organisé avec le soutien du CENJ-EHESS (Centre d’étude des normes juridiques « Yan Thomas ») et de la FMSH.