Controverses autour du Grand Canal du Nicaragua. L’abolition légale de la souveraineté, des droits des peuples autochtones et des paysans

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Le 14 juin 2013, l’Assemblée Nationale du Nicaragua a approuvé avec la loi 840 une  concession de cent ans sur la zone du futur canal interocéanique du Nicaragua visant à relier l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique, au profit d’un consortium chinois HKDN Nicaragua Canal Development. Sur une longueur de 285 km et une largeur de 20 km les lois environnementales, les acquis de la réforme agraire et les droits territoriaux des peuples autochtones ne s’appliquent plus. Peuples autochtones, et agriculteurs seront expropriés et le pays de facto divisé en deux. L’État s’est engagé dans la dite loi à protéger l’investisseur contre la population locale et à le compenser en cas de mobilisation ou d’émeutes qui pourraient retarder la réalisation du projet. Le canal suit un tracé traversant le lac Nicaragua (aussi connu comme lac Cocimbolca), qui devrait être creusé sur une profondeur de 30 m. Selon les experts de l’Académie des Sciences du Nicaragua, ceci provoquerait la mort écologique de la plus grande réserve d’eau douce de l’Amérique Centrale.

Sur le plan social, de 25 à 30 000 personnes, dont des paysans et des indiens Namas et Nahuas, devraient être déplacées. Considéré comme un moyen de "développer" le pays, ce projet soulève de nombreuses questions quand au processus de consultation des populations locales, paysannes et autochtones.

Dans cette séance nous proposons d’analyser les mobilisations des différentes catégories de citoyens nicaraguayens contre ce projet, désormais inscrit dans la constitution nicaraguayenne. Nous analyserons les effets de leursmobilisations, qui se servent des institutions juridiques internationales comme la Cour interaméricaine des droits de l’homme, et s’inscrivent dans plusieurs registres, tels que la législation onusienne sur les droits des peuples autochtones, et le droit des paysans à leur terre. La séance sera l’opportunité de regarder non seulement les rapports multiples entre le droit national, le sentiment d’injustice chez les populations concernées par ce projet et les moyens légaux d’agir au niveau international. Nous analyserons les enjeux de l’inter-sectionalité des catégories de population et des identités impliquées dans les mobilisations contre ce projet, ainsi que les dynamiques entraînées par la cohabitation des droits des peuples autochtones avec d’autres registres, comme les droits des paysans.
Date
  • le lundi 12 octobre 2015  de 14h  à 18h
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