Catherine de Monlibert, « Le combat pour l'émancipation des serfs de Russie - 1831/1861 »

Au XIXe siècle, la transformation de l’esclavage en salariat a partout rencontré de grandes difficultés. La Russie, qui supprime le servage en 1861, n’y a pas échappé. Mais parce que le servage était un élément sur lequel était construite la société russe, le remettre en cause revenait à la transformer totalement. Cet ouvrage, qui traite de la rupture majeure créée par cette abolition, met en valeur les combats qui l’ont précédée. Il étudie aussi la façon dont l’État impérial a favorisé le développement du capital, porteur de la modernisation de la Russie, projet repris ultérieurement par l’État soviétique. Cette étude s’appuie sur des textes publiés par des hommes proscrits, réfugiés en France dont Nicolas Tourgueneff (1789-1871), Alexandre Herzen (1812-1870), Pierre Dolgorouki (1816-1868) analysant les conséquences du servage en Russie et la nécessité de l’émancipation. Ces auteurs, auxquels s’ajoutent Ivan Tourgueniev (1818-1883) et Nicolas Troubetskoï (1828-1900), issus de la meilleure noblesse russe, tirent de leur position une légitimité qui les fonde à proposer au pouvoir autocratique une nouvelle organisation politique. Pour eux, la suppression du servage était inéluctable puisqu’elle était l’expression des mutations économiques et sociales et du développement du capitalisme. Au-delà, elle posait la question de la noblesse, et de son devenir dans la société russe en voie d’industrialisation. Mais avec l’émancipation des serfs, le combat n’était pas terminé ; il allait imposer une transformation politique portant en germe la révolution.
Date
  • le mercredi 13 mai 2015
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