L’agriculture une solution pour recycler les déchets urbains et industriels ? Perspectives historiques et comparaisons européennes XVIIIe-XXe siècle (Grande-Bretagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas)

EHESS - Salle 527  -  190-198, avenue de France  -  75013 Paris
Cette journée d’étude aura pour but de s’intéresser à un aspect souvent négligé des rapports entre les villes les campagnes. Dans l’historiographie du monde rural, le rôle des systèmes agraires périurbains se résume souvent à la fourniture de denrées alimentaires aux villes. Pourtant, comme le montrent l’exemple de Paris au XVIIIe siècle ou l’exemple flamand durant la période moderne, les villes fournissent aux campagnes des engrais (boues urbaines, déchets). A partir du second quart du XIXe siècle, en Europe du Nord-Ouest (Belgique, Pays-Bas, Angleterre et France), la croissance urbaine et l’émergence de l’industrie (chimie, sidérurgie, savonnerie, sucrerie, féculerie, etc.) démultiplie simultanément les problèmes de retraitements des déchets et les disponibilités en éléments fertilisants.

Si ces phénomènes sont connus, ils restent globalement très mal  étudiés. Une telle étude suppose en effet la mise en commun des savoirs propres à deux historiographies distinctes qui peinent parfois à se rencontrer : l’histoire agraire et l’histoire de l’environnement.

Cette journée d’étude se propose de croiser les regards des historiens ruralistes et des historiens de l’environnement issus de différentes traditions historiographiques nationales, sur ce thème encore méconnu, en France plus encore qu’en Angleterre, en Belgique ou Pays-Bas.

Il s’agira en premier lieu de réinterroger les pratiques et les discours des acteurs (agriculteurs, populations urbaines, édiles, scientifiques, etc.) qui préconisent, justifient, encouragent le recyclage des déchets urbains et des sous-produits de l’industrie dans l’agriculture. Il conviendra en second lieu de se demander dans quelle mesure ces mêmes acteurs prirent en compte les effets de ces pratiques sur l’environnement des citadins et des ruraux.

Cette double perspective ne va pas de soi. Contrairement à l’histoire urbaine, qui entretient volontiers des liens à avec l’histoire environnementale, l’histoire rurale, en France en particulier, ne s’interroge guère sur la dimension environnementale de son objet. Pourtant, à partir du second tiers du XIXe siècle, la pénurie d’engrais qui affecte les campagnes et les découvertes de la chimie entrainent un triple courant d’échange. Le premier concerne les déchets urbains dont le commerce s’amplifie. Le second est lié aux engrais que les industries chimique et sidérurgique fournissent à l’agriculture. Le troisième concerne le recyclage des sous-produits industriels nauséabonds ou nocifs dans l’agriculture.

Cette journée d’étude devra permettre de mieux apprécier l’ambivalence de la position des agriculteurs qui, tout en revendiquant une protection vis-à-vis des pratiques commerciales des groupes industriels pourvoyeurs d’engrais, accueillirent souvent avec enthousiasme ces pratiques de recyclage, même lorsqu’elles remettaient en cause les équilibres des systèmes écologiques. Elle devra aussi permettre de mieux comprendre les exigences contradictoires des populations urbaines qui, tout en souhaitant disposer d’espaces bucoliques préservés, considéraient l’éloignement des nuisances que provoquaient les activités urbaines et industrielles comme une priorité.

Date
  • le vendredi 10 avril 2015  de 9h  à 18h
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