Evénement soutenu par l'ANR GOVENPRO. Organisateurs : Marc Elie et Fabien Locher
Présentation
Les
systèmes de propriété sont des opérateurs essentiels d’anthropisation
des environnements. Les transformations qu’ils suscitent ou rendent
possibles, contribuent souvent à augmenter l’exposition des sociétés aux
aléas naturels. A l’inverse, la recherche historique a montré que
certaines formes de propriété et de droit d’héritage peuvent prévenir
l’occurrence d’événements catastrophiques, comme les avalanches dans des
zones de montagne. Elle a aussi souligné que les États et les
collectivités locales ont cherché, de longue date, à agir sur la
propriété, pour empêcher les catastrophes et en amortir les effets, par
exemple par la domanialisation ou la restriction des prérogatives de la
propriété individuelle.
Ce colloque vise à explorer, dans une
perspective historique centrée sur les XIXe et XXe siècles, les
interactions entre les systèmes de propriété sur les ressources et les
environnements et une classe particulière de processus
socio-écologiques: les catastrophes. Cette notion est entendue ici dans
une acception large, incluant notamment les catastrophes « naturelles »,
« industrielles », « démographiques » et « écologiques ». Les systèmes
de propriété sont conçus, quant à eux, dans toutes leur variété
(propriété individuelle, propriété publique et domanialité(s), propriété
commune, propriété dissociée, propriété intellectuelle), avec une
attention particulière pour les pratiques concrètes (techniques,
juridiques, savantes, policières…) qui fondent leur existence et
concourent à leur fonctionnement en tant qu’institutions historiques.
Les
catastrophes, par leurs effets à court et long termes, reconfigurent
les conditions d’action des acteurs (privés ou publics), leur permettant
d’agir sur la répartition de la propriété et sur son fonctionnement,
c’est-à-dire sur ses règles d’acquisition et de transmission, et sur les
droits qu’elle confère.
La catastrophe est alors l’occasion de
transformations de la propriété dont les visées et les motivations
peuvent être multiples : économiques, politiques, idéologiques. Elle est
aussi une situation qui, de manière incidente ou délibérée, est
susceptible de produire, dans un espace-temps plus ou moins bref, un «
état d’exception » de la propriété, né du relâchement des régulations
ordinaires ou de la nécessité de secourir. Elle est enfin le mobile pour
des actions, relevant souvent de politiques publiques, et opérant sur
la propriété pour prévenir la catastrophe en amont ; en atténuer et en
réparer les effets, en aval. Autour de ces trois pôles (opportunité,
rupture, gestion), de leurs interactions et de leurs recoupements, se
jouent un ensemble complexe de processus de co-construction historique
de la propriété et de la catastrophe, que ce colloque vise à explorer.
Les questionnements abordés seront, sans exclusive, les suivants :
1/
La catastrophe comme état d’exception de la propriété : relâchement des
mécanismes de régulation, réquisitions, processus de « retour à l’ordre
» de la propriété ordinaire ;
2/ La catastrophe comme
opportunité pour une appropriation des environnements et des ressources,
par des acteurs privés (enclosures privatives, achats et ventes
spéculatifs, concentration de la propriété), via notamment : des
mécanismes de marché, le concours d’acteurs publics, l’usage de la
violence ;
3/
La place de la propriété dans les politiques de prévention des
catastrophes, et la préparation à celles-ci : limitations des droits
d’usage des biens, servitudes, pratiques de zonage, plans d’aménagement,
expropriation, domanialisation ;
4/ Propriété et programmes de réparation et reconstruction post-catastrophe ;
5/
Propriété, vulnérabilité et résilience : liens entre les règles et la
répartition de la propriété, d’une part, et d’autre part les inégalités
d’exposition et de réponse aux catastrophes ; catastrophe, propriété et
pauvreté ;
6/ Catastrophe, propriété, assurance : mécanismes
assurantiels et évaluation des dégâts et de la magnitude des
catastrophes ; rôle des assurances dans les politiques de prévention, de
préparation et de reconstruction ; assurances et pérennité de la
propriété en situation de crise ;
7/
Les catastrophes dans l’histoire longue des discours théoriques sur les
rapports environnement/propriété : thèses associant certaines formes de
propriété à la survenue de crises écologiques aiguës, comme avec la
prétendue « tragédie des communs » ou les critiques de la propriété
privée ; discours sur les déclins, les chutes, les effondrements des
sociétés, vus sous le double rapport de l’environnement et de la
propriété.
Modalités et calendrier
Le colloque se tiendra les 2 et 3 décembre 2015, à l’EHESS 190-198 avenue de France 75013 Paris. Il se déroulera en anglais et en français.
Les propositions de communication (en français ou en anglais) sont à soumettre par courrier électronique à l’adresse: conference.disaster.property@gmail.com, avant la date limite du 15 mai 2015.
Chaque
proposition devra inclure : le nom, prénom et courriel du conférencier ;
un CV d’une page max. ; un titre et un texte de proposition de 600 mots
max. Les intervenants retenus verront leurs frais de déplacement et de
logement pris en charge.
Les réponses aux propositions seront envoyées avant le 15 juillet 2015.
Les textes servant de supports aux interventions seront demandés en amont du colloque (avant le 1er novembre 2015), pour circuler parmi les intervenants.