L’image photographique a été la pierre angulaire qui a permis à Éliane de Latour de créer des liens avec elles. Alors qu’elles se pensaient la lie de l’humanité, les go se sont trouvées belles et réhabilitées dans les
premiers portraits que l’anthropologue, réalisatrice et photographe a réalisés de 2009 à 2011 et que nous avions exposés en novembre 2011 sous le titre : Go de nuit. Abidjan, les Belles oubliées.
Grâce à cette exposition, Éliane de Latour a récolté une aide financière qu’elle avait promise de leur apporter sous forme de projets. Trois ans et une guerre civile plus tard, Éliane de Latour retourne à Abidjan pour leur offrir abri et réinsertion sociale, ce qui l’a rapprochée encore plus de celles qu’elle a réussi à retrouver, très étonnées qu’elle eût tenu parole.
« De cette nouvelle place qu’elles me donnaient, j’ai saisi leur force intérieure et leur grâce emplie d’un furieux désir de liberté », explique Éliane de Latour. « Je les regarde là où on ne les attend pas, au plus profond du partage de nos subjectivités. Une photographie qui nous rattache par le beau plutôt qu’une photographie de la souffrance en spectacle. »