Table ronde autour de James Sparrow, professeur à l'Université de Chicago, auteur de Warfare State: World War II Americans and the Age of Big Government. Avec les commentaires de :
- Yves Cohen, directeur d'études à l'EHESS
- Nicolas Delalande, associate professor à Sciences Po Paris
- Pauline Peretz, maître de conférences à l'Université de Nantes
En présence et avec la réponse de l'auteur. La séance est ouverte à toutes et tous. Elle aura lieu principalement en anglais.
Présentation
Alors que le sens commun et l'historiographie font dater du New Deal le gigantisme de l’État fédéral américain, il est en réalité le résultat de la Seconde Guerre mondiale: dans la mobilisation générale, sa taille est soudainement multiplié par dix. Warfare State explore ce processus, analysant comment l’État développe ainsi son influence sur la société américaine en guerre, et surtout pourquoi la population américaine (si souvent décrite comme « antiétatiste ») s'y est si bien adaptée. La participation de masse au service militaire, à l'industrie de guerre, au rationnement, au contrôle des prix, aux souscriptions d'emprunt et à la généralisation de l'impôt sur le revenu ont toutes appris aux Américains à vivre avec leur nouvel État fédéral, État-providence de guerre. Ceux-ci acceptèrent leurs nouvelles obligations en partie parce qu'ils ont été encouragés à développer un lien personnel avec le front, et le sort de chaque soldat américain. Ils y acquirent une nouvelle habitude à l'autorité de l’État fédéral - y compris pour réclamer des droits, comme les mobilisations d'ouvriers, de femmes, de Noirs, et même de soldats, l'attestent. Leur exigence de citoyenneté pleine et entière ouvrent d'importantes perspectives sur le lien entre le moral des citoyens, les usages du patriotisme, et la légitimité de l'État en temps de guerre.
La Seconde Guerre mondiale refaçonna complètement le lien entre citoyens, nation, et État. Warfare State fait l'histoire de cette transformation spectaculaire dans la vie américaine.