Le Xidaotang, une existence collective à l’épreuve du politique Ethnographie historique et anthropologique d’une communauté musulmane chinoise (Gansu, 1857-2014)

l’École des Hautes Études en Sciences Sociales  -  Salle 640 (noyau A, 6e étage) 190 avenue de France  -  75013 Paris
Composition du jury
  • Mme Françoise Aubin, directrice émérite de recherche au CNRS (rapporteur)
  • Mme Élisabeth Claverie, directrice de recherche au CNRS
  • M. Alain Cottereau, directeur d’études à l’EHESS
  • M. Vincent Goossaert, directeur d’études à l’EPHE (rapporteur)
  • Mme Bianca Horlemann, chercheur associé à l’Université Humboldt, Berlin
  • Mme Isabelle Thireau, directrice d’études à l’EHESS (directrice de thèse)
  • M. Thierry Zarcone, directeur de recherche au CNRS

Résumé de la thèse

Le présent travail porte sur une communauté musulmane de langue chinoise du Gansu, le Xidaotang, fondée par Ma Qixi, un lettré confucéen, à la fin du XIXe siècle. Il résulte d’une enquête ethnographique en histoire et en anthropologie échelonnée sur dix années entre 2004 et 2014 principalement dans le Nord-Ouest de la Chine. L’objet d’enquête a porté en premier lieu sur l’histoire de cette communauté. L’analyse aborde l’histoire de ce groupe religieux non pas d’un point de vue sinocentré mais comme un processus historique local réagissant à l’histoire provinciale et nationale. Une ethnographie historique est mise en œuvre pour croiser et décrire les points de vue et les pratiques des différents acteurs concernés sur des échelles temporelles variées de 1857 à 1957. L’histoire de cette communauté est envisagée dans son rapport à l’histoire politique de la Chine selon trois angles d’approche : les horizons d’avenir que chacun des contextes historiques dessinent, les ressources mobilisées par les acteurs pour faire face à la violence des crises locales et leur acuité politique pour appréhender chaque changement d’époque. Dans ce cadre général, l’ethnographie rend compte du lien politique institué à l’intérieur de la communauté : quelles ont été les compétences et les modes d’action des hommes qui l’ont gouvernée ? Selon quels critères de légitimité les croyants configurent la relation de pouvoir et d’autorité ? L’enquête met en relief un cadre de référence islamo-confucéen au sein duquel s’inscrivent les incitations à l’action.

Dans un second temps est présentée une ethnographie contemporaine, à partir de la politique des réformes et d’ouverture. Comme un miroir tendu à l’histoire, elle examine le rapport dynamique que la communauté entretient avec son passé en examinant les modalités de sa présence : usage des concepts, ancrage des normes ethéritage des pratiques. Ainsi, une réflexion est entamée sur la capacité de la communauté à se refonder après ses difficultés à exister en tant qu’elle-même durant la période maoïste. Une ethnographie du religieux menée sur les lieux saints et au plus près des croyants rend compte des transformations en marche à l’intérieur du groupe, que ce soit dans sa façon d’affirmer son originalité en opposition aux autres courants islamiques ou dans sa manière de démontrer sa cohésion sociale et religieuse exemplaire. L’ethnographie du politique pratiquée ici scrute sur deux échelles : les jugements de légitimité qui instaurent une relation d’autorité entre le Maître actuel et ses fidèles, et le rapport que le Maître du Xidaotang entretient avec le politique. La tension entre un cadre politique contraignant et la vitalité religieuse ouvre une possibilité d’inscrire dans la réalité sociale des espaces d’autonomie et une capacité à pouvoir être soi.
Date
  • le vendredi 5 décembre 2014 à 14h
Contact
Urls de référence

Haut de page