Les intellectuels conservateurs entre le culturel et le politique : l'Académie Brésilienne des Lettres pendant la dictature militaire (1964-1979)

La Sorbonne - Salle J. Baptiste Duroselle (Galerie Dumas)  -  1, rue Victor Cousin  -  75005 Paris
Le Centre de recherche d'histoire de l'Amérique latine et des mondes ibériques (CRALMI)
et Mondes Américains sont heureux de vous inviter à la soutenance de thèse de doctorat de Diogo Cunha, "Les intellectuels conservateurs entre le culturel et le politique: l'Académie Brésilienne des Lettres pendant la dictature militaire (1964-1979)".

Jury

  • Pascal Ory, Professeur, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, président du jury
  • Daniel Aarão Reis Filho, Professeur, Université Fédérale Fluminense
  • Maria Helena Rolim Capelato, Professeur, Université de São Paulo, rapporteur
  • Olivier Compagnon, Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, rapporteur
  • Annick Lempérière, Professeur, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, directrice de thèse

Résumé

Cette thèse porte sur les relations entre l’Académie Brésilienne des Lettres (ABL) et le régime militaire brésilien. L’objectif de cette étude est d’analyser dans quelle mesure cette institution – officiellement « apolitique » – put être une instance de légitimation pour la dictature militaire. Nous sommes revenus sur l’histoire de l’ABL depuis sa fondation, privilégiant son rôle dans le champ culturel brésilien dans les années 1960 et 1970. Elle formait à ce moment-là, avec l’Institut Historique et Géographique Brésilien (IHGB) et le Conseil Fédéral de la Culture (CFC) une « structure culturelle conservatrice », lieu de sociabilité des élites intellectuelles et politiques de droite et d’élaboration d’un discours conservateur. La prosopographie a permis de mettre en lumière un groupe d’intellectuels brésiliens tombés dans l’oubli pourtant très actif depuis le régime de Vargas jusqu’au coup d’État, ayant du pouvoir dans les médias et dans les réseaux qui facilitaient l’accès aux postes administratifs et politiques. Le quotidien de l’ABL va des cérémonies d’investiture, des visites que les académiciens recevaient, des hommages qu’ils rendaient, à la construction d’une mémoire des héros de la Nation et à l’exaltation de la Patrie. Les militaires se rendaient en grand nombre à chaque investiture, hommage ou commémoration de l’ABL ; réciproquement, lors des hommages et commémorations organisés par le régime, nombre d’académiciens étaient présents. Cette sociabilité entre les académiciens et les responsables de la dictature militaire contribua à légitimer le régime en place. Les académiciens s’engagèrent individuellement en faveur du régime, moins par une participation active dans l’appareil d’État que par l’élaboration et la diffusion d’un discours de légitimation fondé sur les grandes interprétations du Brésil des années trente, en particulier celles de Gilberto Freyre. Les données recueillies montrent que l’institution créée par Machado de Assis à la fin du XIXe siècle a concouru à légitimer le régime instauré en 1964. Cependant, cette légitimation ne s’est pas faite par une « collaboration » active mais plutôt par une forme de complicité. C’est le comportement de l’ensemble des membres de l’ABL, en particulier par le silence et différents degrés d’accommodation, par la proximité qu’ils avaient avec les représentants du régime, et par l’élaboration, la diffusion et la circulation d’un discours conservateur renforçant les notions de civisme et de patriotisme qui jouèrent le premier rôle dans ce processus.

Date
  • le jeudi 6 novembre 2014 à 09h
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