Catherine de Montlibert, « L'émancipation des serfs de Russie »
En promulguant l’acte d’émancipation des serfs en 1861, le tsar Alexandre II traduisait une volonté ferme de moderniser les structures sociales et politiques de l’Empire pour se rapprocher d’une « Europe européenne ». Mais c’était sans en mesurer pleinement les conséquences, étonnamment contradictoires. À court terme, la condition paysanne fut aggravée car l’émancipation ne portait pas sur la propriété des terres. Mais à long terme, à côté d’une minorité prospère, s’est constitué un prolétariat paysan, nourri par un essor démographique sans précédent. À la recherche de nouvelles terres, ce prolétariat n’eut d’autre choix que le chemin de l’exode rural. Ainsi, participa-t-il aux bases d’une Russie moderne, peuplant les contrées les plus reculées de la Sibérie et nourrissant à la sueur de son front les bassins industriels russes jusqu’à la Première Guerre mondiale. Au travers d’archives et d’écrits littéraires comme ceux de Tolstoï, ce livre nous invite à découvrir cette formidable révolution politique, économique et sociale.
Docteur habilitée à diriger des recherches, Catherine de Montlibert-Dumoulin est rattachée à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Centre d’études des modes d’industrialisation (EHESS/CEMI). Elle anime un séminaire qui est consacré aux Ruptures et Continuités dans la sphère étatique russe (1861 à 1998).
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