L'espérience publique des crimes politiques du passé. Le cas du Chili post-dictature (1990-2004

EHESS - Salle 9  -  105 boulevard Raspail  -  75006 Paris
Soutenance de thèse de Paola DIAZ (CEMS-IMM/EHESS-CNRS).

Jury

  • M. Gilles BATAILLON, directeur d’études, EHESS ;
  • M. Stéphane BOISARD, maître de conférences, Université Paris 3 ; 
  • M. Alfredo JOIGNANT, professeur, Universidad Diego Portales
    (rapporteur) ;

  • Mme Marie-Claire LAVABRE, directrice de recherche, CNRS
    (rapporteur) ;
  • M. Louis QUÉRÉ (directeur de recherche, CNRS, directeur de
    la thèse);
  • M. Cédric TERZI, maître de conférences, Université Lille 3.

Résumé de la thèse

Cette thèse est le fruit d’une enquête empirique sur l’expérience publique des crimes politiques de la dictature chilienne (1973-1990) en tant que problème public du Chili post-autoritaire. À partir de l’analyse d’entretiens, de discours présidentiels, de la presse écrite, de documents associatifs et officiels, nous proposons une restitution située des conflits publics liés à ces crimes. La première partie de cette thèse porte sur la constitution de la cause des détenus disparus par leurs familles au sein de l’Association de familles des détenus disparus du Chili (AFDD). Cette étude montre la préfiguration du problème éthico-politique qui sera au cœur de la transition vers la démocratie, à savoir, comment les crimes politiques affectent le lien politique. La deuxième partie analyse la reconfiguration du problème et une nouvelle modalité de sa publicisation : le problème passe d’une vérité pour la justice, dénoncée par les associations des parents de victimes, à une vérité pour la réconciliation, brandie par le gouvernement élu. La troisième partie s’intéresse aux modalités des conflits liés à une croissante judiciarisation du problème des crimes, qui est mise en concurrence notamment avec la négociation d’une solution politique, à partir de l’Affaire Pinochet (1998-2000). La quatrième partie étudie une nouvelle configuration du problème des crimes axée sur la problématique de la mémoire des évènements traumatiques et sonofficialisation. Enfin, la dernière partie analyse la reconnaissance officielle de l’emprisonnement politique et de la torture, au moyen d’une factualisation extensive de ces pratiques répressives ainsi que les possibilités et limites que cette nouvelle publicisation du problème implique pour la transmission de la mémoire des évènements.

Cette enquête constitue une pragmatique de l’expérience publique des crimes politiques qui s’efforce de montrer les relations traductives entre sa dimension éthique et sa dimension politique, tant pour les  personnes touchées que pour la communauté politique impliquée. Par un récit et une analyse détaillée des
situations de conflit liées à ces crimes, cette investigation rend compte de la détermination progressive et situationnelle de ce qui est couramment désigné par la littérature comme « transition démocratique » et « justice transitionnelle ».  Cette démarche sociologique ouvre une voie pour observer et décrire des  processus politiques larges à travers l’étude détaillée des pratiques situées.

Mots- clés

Sociologie de l’expérience publique, discours politiques, traduction de l’expérience, problèmes publics,
factualisation et valuation des crimes politiques, pouvoir symbolique, Chili, dictature, transition vers la démocratie, engagement familial, réconciliation nationale.
Date
  • le jeudi 15 mai 2014  de 14h  à 19h
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