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Séances spéciales de séminaire

Aurélie Névot chargée de recherche CNRS UPR 299 Centre d'études Himalayennes

Séminaire « Techniques, Objets et Patrimoine en Asie Orientale » 

organisé par Caroline Bodolec, Michela Bussotti et Frédéric Obringer

Le Pavillon de la nation chinoise (Zhongguo guojia guan 中国国家馆) qui a ouvert ses portes à Shanghai en 2010, à l’occasion de l’Exposition universelle, fut transformé en 2012 en Palais de l’Art de Chine (Zhonghua yishu gong 中华艺术宫). Son architecte, He Jingtang, lui prête une efficacité symbolique dont il ne livre pas explicitement les fondements conceptuels et idéologiques.
Dans un livre à paraître en 2014, je propose de décrypter ce langage architectural qui renvoie à une idéologie d’État : la Couronne de l’Orient (Dongfang zhi guan 东方之冠) – pour reprendre l’appellation communément donnée au pavillon devenu palais – renvoie à une cosmogonie architecturale (ou une architecture cosmogonique) qui reflète la vision chinoise de l’univers et l’ordonnancement de ce dernier, ordre universel sur lequel repose le devenir de toute chose (des dix mille êtres) dans la pensée dite classique, cette dernière étant réinterprétée au regard du nouveau positionnement de la Chine dans le monde d’aujourd’hui. On assiste à une ritualisation institutionnelle de la Chine.
C’est donc une forme d’herméneutique architecturale, une « hétérotopologie » (au sens de Foucault), qui porte mon analyse, analyse que je propose d’exposer le jeudi 12 décembre en focalisant mon propos sur les soubassements historiques de la Couronne de l’Orient. Cette dernière s’inscrit en effet dans la dynamique patrimoniale mise en place à Shanghai dès les années 1990 par le biais du Musée de Shanghai : le Shanghai bowuguan (上海博物馆) a servi d’amorce à l’émergence d’une nouvelle forme de ritualité associée au système cosmologique chinois et basée sur la « monumentalisation patrimoniale », expression que j’emploie afin de qualifier la mise en exposition du patrimoine chinois au sein d’édifices-monuments générant une efficience à ce « donner à voir ». Un détour par le Musée de Shanghai s’avère donc indispensable afin de saisir l’importance accordée aujourd’hui à la Couronne de l’Orient.