En philosophie on entend par cause, traditionnellement, la réponse à une question, celle du « Pourquoi ? ». Or, la causalité n’est qu’un cas particulier de la mise en relation, un type de connexion à côté d’autres. Ce colloque s’interroge sur la pluralité des connexions, c’est-à-dire sur ce qui distingue le lien de causalité de la simple association, de la correspondance ou de l’influence. La logique et la physique sont certes deux formes éminentes de la mise en relation entre causalité et discours, mais il en existe d’autres. Quels rapports des activités humaines fondamentales telles que la divination et les pratiques rituelles entretiennent-elles avec la causalité et d’autres types de connexion ? Y a-t-il nécessairement un soubassement cosmologique à la découverte des connexions, à l’exercice de la causalité ? Comment les différentes enquêtes sur la nature et les hommes mobilisent-elles, forgent-elles, configurent-elles une pluralité de connexions ? La pratique des connexions est indissociable d’une mise en discours, que ce soit sous la forme d’une explication, d’une prescription, d’un récit, d’une justification, voire d’une doctrine. Elle ne saurait être détachée des acteurs qui l’opèrent, des contextes de réalisation et des buts recherchés.
Dans le cadre du PRI « Pratiquer le comparatisme : terrains, textes, artefacts », ce colloque international réunit ethnologues, philologues et philosophes autour des travaux de Geoffrey Lloyd et de leur apport à la pratique du comparatisme. En prenant appui notamment sur son ouvrage Cognitive Variations (2007), nous souhaitons interroger le problème de la coexistence de causalités autour d’un même événement, en mettant en perspective des pratiques rituelles saisies en contexte divinatoire et des savoirs prédictifs constitués en corpus de connaissances.
Jeudi 6 juin
14h Accueil des participants
14h 15 Marcello Carastro (EHESS) : Introduction au colloque
14h30 Geoffrey Lloyd (Needham Research Institute, Cambridge) - conférence inaugurale : « Where is the history of ancient science going, or where should it go? »
16h pause café
16h30 Francis Zimmermann (EHESS) : « Nidāna dans quelques textes sanskrits et l'occasionnalisme indien »Vendredi 7 juin
10h Jean-Jacques Glassner (CNRS) : « Les limites du destin en Mésopotamie, entre association et cause? »11h30 pause
12h Silvia d’Intino (CNRS) : « Du lien sémantique. La notion de bandhu dans l'étymologie védique »Vendredi 7 juin, après-midi
16h pause café
16h30 Dominique Jaillard (Université de Lausanne) : « Les liens de la souillure : Oedipe, Loimos et la terre thébaine »