Des indépendants sous dépendance

EHESS  -  190-198 avenue de France  -  75013 Paris

Lundi 27 mai 2013  de 9h15 à 13h

L’atelier, c’est un rendez-vous trimestriel entre des doctorant.e.s et des chercheur.e.s confirmé.e.s autour d’objets interdisciplinaires communs. C’est l’occasion de confronter des outils et des méthodes, des approches disciplinaires et des questionnements épistémologiques. Ces rencontres donnent la possibilité aux doctorant.e.s de discuter leurs travaux avec des expert.e.s de leurs objets, et de partager leur réflexion avec des étudiant.e.s travaillant sur d’autres terrains. L’atelier entend être un lieu fédérateur de l’esprit d’ouverture et de curiosité mutuelle du centre Georg Simmel, un moment d’échanges informels et conviviaux, creuset de liens et de travaux collectifs futurs.

Programme

  • Modération : Fanny Gribenski et Isabelle Mayaud
  • Discussion : Annelies Fryberger, Julie Landour et Sylvain Laurens
9h15 - Accueil et introduction

9h30 - Madlyne Samak, « Les maraîchers biologiques au prisme des politiques locales de "reconquête agricole" »

10h00-11h - Discussion

11h00-11h15 - Pause café

11h15 - Florine Andrieux, « L’autonomie du compositeur de musique publicitaire »

11h45-12h45 - Discussion

12h45 - Conclusion

13h - Pique-nique

Ce troisième atelier des doctorants du Centre Georg Simmel questionnera l’autonomie du travailleur indépendant, à travers les figures de l’agriculteur et du compositeur de musique publicitaire. Ces deux figures illustrent en effet avec pertinence la contradiction qui existe entre la valorisation idéologique, par les institutions et les donneurs d’ordres, de leur statut d’indépendant (libertés d’agir et de création) et la réalité pratique du travail au quotidien, qui met en jeu des configurations d’acteurs où se nouent des liens de dépendance étroits.

Résumés

Madlyne Samak
« Les maraîchers biologiques au prisme des politiques locales de "reconquête agricole" »
Le travail d’enquête mené dans le département des Alpes Maritimes s’intéresse plus particulièrement aux maraîchers « installés » par la collectivité publique. En effet, depuis quelques années, la puissance de la déprise agricole que connaissent la plupart des communes du département conduit certains élus à « installer » des agriculteurs sur des terrains en friche. Dans ces projets d’un nouveau genre, les collectivités territoriales acquièrent ou louent des terres agricoles, et les mettent à disposition d’aspirants agriculteurs pour qu’ils mènent à bien un projet de cultures en maraîchage biologique. Invitée à participer à l’élaboration de ces projets, la « profession agricole » locale insiste pour que perdure le statut d’agriculteur exploitant. Derrière cette exigence se joue la défense d’une image sociale du métier d’agriculteur construite depuis les années 1960 : celle du « véritable entrepreneur » qui ne compte pas ses heures, mais qui en contrepartie dispose d’une autonomie et d’une liberté réelle dans son travail. Pourtant, lorsqu’on observe dans le détail le déroulement de ces installations, on est conduit à s’interroger sur ce que recouvre précisément l’indépendance de l’agriculteur. L’analyse ethnographique d’un cas particulier nous permet de mettre en lumière les relations sociales qui se nouent entre l’agriculteur installé d’une part, et d’autre part les élus, la collectivité territoriale et la profession agricole. L’indépendance de l’agriculteur semble alors sérieusement grevée par les relations problématiques qu’il noue avec les institutions et les personnes en charge de son installation, et c’est à une véritable mise sous dépendance pratique et symbolique de l’agriculteur que l’on assiste.
Florine Andrieux
« L’autonomie du compositeur de musique publicitaire »
L’enquête menée sur les conditions socio-économiques de la création musicale publicitaire conduit à s’interroger sur l’autonomie du compositeur. Si les années 1980 sont synonymes de prospérité pour la publicité et de liberté créatrice pour le compositeur, les décennies suivantes voient la reconfiguration progressive du marché de la musique publicitaire avec la baisse des budgets alloués à la création et la multiplication des acteurs, qui réduisent la marge de manœuvre du compositeur. Par ailleurs, certaines caractéristiques propres au marché, tels que le mode de travail par projet et les contraintes de création spécifiques, renforcent le constat d’une autonomie limitée. Pourtant, la figure de l’artiste créateur émancipé demeure valorisée par l’ensemble des acteurs intervenant dans la création de la musique publicitaire et le confinement du compositeur dans la sphère artistique semble être une condition nécessaire au bon fonctionnement de la chaîne de production. Dès lors, comment expliquer ce paradoxe entre l’attention portée au maintien du statut de travailleur indépendant du compositeur et le fait que celui-ci jouisse d’une autonomie relative ?

Organisation : Fanny Gribenski, Isabelle Mayaud
Contact : lateliersimmel@gmail.com
Date
  • le lundi 27 mai 2013  de 9h15  à 13h
Contact
  • Fanny Gribenski, Isabelle Mayaud (lateliersimmel@gmail.com)
    Centre Georg Simmel
    UMR 8131 EHESS/CNRS
    96 bd Raspail
    75006 Paris
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