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Conférence

Spécialiste d’histoire russe et polonaise contemporaine, Samuel Kassow est l’auteur de Qui écrira notre histoire ? Les archives secrètes du ghetto de Varsovie (traduction française de Pierre-Emmanuelle Dauzat, Paris, Grasset, 2011 et Flammarion « Champs », 2013). Au travers de l’itinéraire d’Emanuel Ringelblum et du collectif Oyneg Shabes, Samuel Kassow n’écrit pas seulement l’histoire du ghetto de Varsovie mais d’un projet élaboré et mené au cœur même d’un temps de catastrophe, avec les questionnements et les outils hérités des milieux intellectuels juifs et polonais de l’avant-guerre, depuis l’appel de Simon Doubnov, en 1891, à collecter des documents pour pouvoir écrire l’histoire des Juifs d’Europe orientale. Dans les conditions tragiques du ghetto de Varsovie, d’août 1940 à l’insurrection d’avril 1943, il s’est agit, pour Ringelblum et ses collaborateurs, de constituer, au prix du sang, des archives pour écrire l’histoire de ceux qui allaient être assassinés, de faire en sorte que la catastrophe soit documentée, d’emblée, par ceux qui la traversaient. Samuel Kassow décrit ainsi la constitution d’une « solide structure de documentation objective », selon les mots de Ringelblum, un ensemble de gestes de collecte touchant à tous les aspects de la vie du ghetto, appuyés sur une méthodologie approfondie de l’enquête, et articulés à d’autres activités clandestines (écoles, cours pour adultes, activités théâtrales, presse, bibliothèques).  Le travail sans équivalent de Samuel Kassow invite, aussi, à réfléchir sur qui relève de l’engagement de l’historien au cœur du désastre.