Les travailleurs intellectuels à l'épreuve des transformations de l'emploi et du capitalisme. Nouvelles figures, nouvelles classes ?

Salle Lombards  -  96, boulevard Raspail  -  75006

Parmi les tendances caractéristiques du capitalisme contemporain, les sciences sociales mettent souvent en avant d'une part les transformations de la relation salariale vers davantage de flexibilité, d'intermittence et d'incertitude quant à ses frontières et ses statuts et, d'autre part, la montée en puissance d'une production immatérielle ou cognitive et d'un travail plus « créatif ». L'objectif de cette journée d'études est d'interroger les travaux théoriques ou empiriques qui voient dans ces deux tendances le fondement d'une recomposition des classes sociales, en particulier à travers l'émergence de nouvelles géométries sociales centrées autour de la figure d'un travailleur intellectuel précaire.


La vie professionnelle d'une fraction croissante de la population semble, selon que l'on porte sur cette évolution un regard optimiste ou inquiet, soit de plus en plus autonome et mobile, soit touchée par diverses formes de précarité. Même si l'emploi salarié en contrat à durée déterminée et à plein temps reste majoritaire au sein de la population active, les transformations de l'emploi sont telles que de plus en plus de travailleurs, et en particulier les plus jeunes, connaissent des formes d'emploi trop répandues pour qu'on les dise « particulières » ou « atypiques ».

Les sciences sociales ont mis en avant l'ambivalence de cette transformation de la relation salariale en soulignant d'un côté l'autonomie qu'elle peut engendrer jusqu'à en faire parfois un principe de renouvellement et de libération du travail et, d'un autre côté, la précarisation qu'implique le relâchement du lien entre travailleurs et employeurs sur lequel s'étaient historiquement fondées les protections salariales.

Par ailleurs, le capitalisme contemporain semble se caractériser par un déplacement vers des fondements cognitifs, immatériels ou créatifs. Ce pronostic ancien, repérable dans la littérature managériale et sociologique dans les années 1960 aux Etats-Unis, connaît une recrudescence dans les années 2000 sous différentes variantes : autour de notions de « travail créatif » ou
d'« industries créatives », de « société de la connaissance », de « travail immatériel » et de
« capitalisme cognitif ».

Comment ces profonds changements de l'emploi et du capitalisme affectent-ils la structure sociale ? Luc Boltanski et Eve Chiapello ont décrit, dans Le Nouvel esprit du capitalisme, la manière dont « la représentation de la société comme ensemble de classes sociales » avait été fortement remise en cause par un « travail de dé-représentation des classes sociales » à partir des années 1980, au profit de représentations de la société comme convergent vers une classe moyenne très englobante, ou comme une myriade d'individus désormais trop singuliers pour être agrégés sous forme de classes. A rebours des théories de la fin des classes sociales, on peut s'interroger sur leur reconfiguration ou sur l'émergence de nouvelles classes sociales. Ainsi a-t-on avancé l'idée qu'adviendraient une « classe créative », des « intellos précaires » ou encore un « cognitariat »…


L'ambition de cette journée d'étude est de proposer un bilan et de confronter les analyses et les théories mettant en avant l'émergence de ces nouvelles classes sociales, ainsi que de s'interroger sur la manière dont des recherches empiriques pourraient contribuer au débat.

Programme

10h : Buffet Petit déjeuner


Accueil et introduction (Mathieu Grégoire et Cyprien Tasset)


Matinée
(10h30-12h30) :


Introduction et animation de la séance : Dominique Méda, Université Paris Dauphine



Intervenants (20 minutes par intervention) :

- Mathieu Grégoire, Université de Picardie : Les professions intellectuelles et le salariat : éléments de sociologie historique


- Rosalind Gill, King's College London : De nouvelles classes sociales
émergent-elles à partir du travail créatif ?


- Guy Standing, University of Bath : The precariat


Débat avec la salle


- Déjeuner libre (12h30 – 14h) -


Après-midi (14h-17h) :


Introduction et animation de la séance : Mathieu Grégoire, Université de Picardie

Intervenants (20 minutes par intervention) :


- Elsa Vivant, Université de Marne-la-Vallée : derrière la ville créative, la ville des précaires ?


- Antonella Corsani, Université Paris 1: Expérimentations dans les marges du salariat


- Patrick Cingolani, Université Paris Ouest Nanterre : Précariat intellectuel : d'un nouveau style d'ascétisme dans le monde ?


- Thomas Amossé, Centre d'Etudes de l'Emploi, et Cyprien Tasset,
EHESS : Apports empiriques d'une recherche sur la précarité dans les professions intellectuelles en France

Débat avec la salle


16h30 : Conclusion de Luc Boltanski, EHESS. Accroissement des inégalités, effacement des classes sociales ?



Institutions organisatrices :


Centre d'Etudes de l'Emploi, GSPM, (IMM, EHESS),  CURAPP - ESS

Attention ! La capacité de la salle étant limitée, merci de s'inscrire préalablement auprès des organisateurs en écrivant à :


Thomas Amossé : thomas.amosse@cee-recherche.fr

Mathieu Grégoire : mathieu.gregoire@u-picardie.fr
Cyprien Tasset : cyprien.tasset@gmail.com
Date
  • le lundi 22 octobre 2012  de 10h  à 17h
Contacts

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