Antoine Bocquet, doctorant en philosophie au GSPM, soutiendra sa thèse intitulée, Esprit et société. La philosophie sociale de Joseph-Marie de Gérando.
Jean-François Braunstein (Professeur de philosophie à Paris I)
Vincent Descombes (Directeur d'Etudes EHESS)
Denis Forest (Professeur de philosophie à Paris X)
Bruno Karsenti (Directeur d'Etudes EHESS, directeur de la thèse)
Y a-t-il une politique de l'individualisme ? L'oeuvre du philosophe spiritualiste et philanthrope Joseph-Marie de Gérando (1772-1842) apparaît comme un bon point de vue sur cette question, quoique l'idée même d'un spiritualisme sociologique puisse sembler paradoxale. Cette étude se donne dès lors pour tâche de suivre le destin de la méthode comparative à travers les divers aspects de la philosophie de cet auteur mal connu quoique crucial à plusieurs égards. Ses contributions à l'idéologie et à la psychologie, à l'anthropologie, à la grammaire, à la littérature comparée, à la philanthropie et à l'administration, son oeuvre pour l'éducation des sourds-muets y sont considérées dans cette perspective.
Le principal résultat de ce travail peut se résumer simplement sous le nom de paradoxe spiritualiste. Le spiritualisme, dont Gérondo serait un des premiers représentants, à mesure qu'il gagne vers l'intériorité, s'ouvre ici aux pratiques concrètes et à une forme originale de comparatisme, comme si sa pente naturellement introspective le conduisait à un point de rebroussement propre à mettre en défaut le dispositif du sujet. Sous un autre aspect, on établit la façon dont s'est opéré le passage de l'Idéologie au sens que ce terme a chez les Idéologues, philosophes sensualistes du Directoire, à l'idéologie au sens de l'anthropologie culturelle (les idées sociales). De ce point de vue, la contribution propre du spiritualisme aurait été de constituer l'esprit comme domaine d'élaboration pour la notion de social.