Qu'est-ce qu'une plante. Savoirs, relations et ontologies dans le rapport au végétal
Salle du Château - Le Mirail
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EHESS-Toulouse, Université du Mirail
- 31058 Toulouse
Qu’est-ce qu’une plante ? Pour l’ethnologue, la réponse varie selon le contexte ethnographique dans lequel la question est posée, c’est à dire en fonction de ce que ses hôtes (qu’ils soient des cultivateurs semi-nomades ou des scientifiques dans un laboratoire) lui révèleront de leur rapport (à la fois idéel et matériel) à telle ou telle espèce végétale.
Selon une hypothèse commune à différents courants actuels de l’anthropologie de l’environnement (mais dont les termes étaient déjà posés par A.G. Haudricourt en 1962), la manière d’identifier et de classer différentes espèces et variétés végétales, dépend, certes, du type de rapports que les humains entretiennent avec les plantes (et les non-humains en général) mais aussi (et surtout ?) des rapports qu'ils ont entre eux, que ce soit en fonction des ontologies locales et des schèmes de relation (Descola), ou selon les interactions pratiques et les contextes d’action spécifiques (Ingold, Ellen par exemple).
Lors de cette journée d’étude, nous nous interrogerons sur le rapport aux plantes dans divers contextes ethnographiques, que ce soit dans des sociétés où les plantes participent aux liens de parenté ou sont des agents des pratiques rituelles, ou dans le contexte des pratiques naturalistes (savantes ou populaires). Selon ces différents points de vue (qui peuvent bien sûr être représentés au sein d’une seule société et même être mobilisés par un seul individu selon les situations), quelles sont les différences et les similitudes entre une plante, un animal, une personne ? Quelles différences et continuités encore entre différentes espèces végétales ? Par exemple pour de nombreux peuples amazoniens, on “élève” le manioc comme un enfant (ou une sœur), relation de « parentage » que l’on retrouve au Mexique dans le rapport au maïs. Mais la domestication et la mise en culture suffisent-elles à expliquer ce genre d’intimité ontologique, ce type de conceptions et de rapports pratiques avec certaines plantes? Et qu’en est-il alors des plantes utilitaires non cultivées et des arbres en forêt ?
Par ailleurs, comment évoluent les critères d’identification et de classification des plantes (ou plutôt de ‘regroupements relationnels’ pour ne pas universaliser notre pensée taxonomique), en fonction des cadres épistémologiques et pratiques propres à un système de connaissance particulier (par exemple le basculement, au sein même du mode de connaissance naturaliste, des critères d’identification morphologiques vers ceux issus de la biologie moléculaire pour redéfinir les classifications botaniques). Enfin quelles sont les conséquences pour les savoirs et les pratiques concernant les plantes, de l’interaction entre différents mode de connaissance de la nature ? Par exemple, dans une société qui entretient un rapport intime à la forêt, comment le rapport à l’arbre est-il redéfini lorsque, de parent potentiel, celui-ci devient l’objet d’une production rationnalisée dans la cadre de projets de reforestation ?
Date
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le
vendredi 15 juin 2012
de 9h
à 18h
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