L'évaluation dans le champ de la santé

Dans le champ de la santé, l'évaluation est aujourd'hui aussi omniprésente que protéiforme : on évalue les politiques, les traitements, les outils et les établissements, mais aussi les pratiques des professionnels. Au-delà d'une dénomination commune, on peut légitimement se demander ce que partagent des pratiques aussi diverses que l'évaluation interne de la qualité des prestations d'un établissement médico-social à l'aune des recommandations de bonnes pratiques, l'évaluation coût-efficacité d'un traitement hospitalier, ou encore celle d’une campagne vaccinale. Et si l’on cherche des similitudes entre ces pratiques, on risque de les trouver avant tout dans les résistances qu’elles soulèvent, dans un champ où ce qui est visé en dernier ressort par l’évaluation, la santé, est souvent présentée comme incommensurable.

Les critiques et dénonciations de l'évaluation la tiennent souvent pour un dispositif «libéral» dont l’objectif exclusif serait l’amélioration d’un rendement. C'est oublier que de nombreux programmes d'action publique « réformistes », « progressistes », etc., y ont également eu recours, et continuent d'y recourir, dans le but affiché d'améliorer l'efficience et la qualité du service rendu aux usagers.

Dans tous les cas, puisque la pratique de l'évaluation implique de porter un jugement sur les effets d’une action – que ce soit l’action d’une molécule, d’une réforme hospitalière, ou encore d’une intervention sociale – elle recouvre nécessairement une dimension normative, même lorsque la norme en question n'apparaît pas explicitement, ou que ce caractère normatif est dissimulé derrière une apparence d'objectivité. L'un des ressorts de l'attraction qu'exercent dans le champ de la santé le modèle de l'essai contrôlé randomisé, ou les calculs coût-efficacité (et coût-efficience) vient de ce qu'ils organisent la délégation du jugement à des dispositifs dont on attend qu'ils apportent des preuves scientifiques d'où toute espèce de subjectivité semble avoir été consciencieusement exclue.

L'une des questions que nous souhaitons aborder au cours de ces journées d'études tient précisément au rôle que joue cette économie de l'objectivité, au delà même du recours effectif aux procédures d'évaluation expérimentales, dans la prolifération de l’évaluation en santé. Dans quelle mesure le champ de la santé diffère-t-il, sous ce rapport, d'autres champs plus ou moins intensément évalués ?

Par ailleurs, comme toute pratique dont les modalités sont susceptibles d'évoluer tout au long d'un processus mobilisant différents types d'acteurs, l’évaluation soulève des questions relatives à sa définition, à ses usages et à son appropriation. De l'interrogation initiale formulée par son « commanditaire » jusqu'à l'élaboration éventuelle de règles de bonnes pratiques – elles mêmes susceptibles d'être évaluées à leur tour, ponctuellement ou de manière récurrente – toute évaluation se charge d'enjeux divers et souvent contradictoires, qu'il convient d'analyser en fonction des positions respectives occupées par les multiples acteurs impliqués. Ces points ne sont évidemment pas exhaustifs. Des propositions de communication sont attendues sur les différents aspects relatifs aux logiques et méthodes de l’évaluation, autant que sur ses multiples enjeux pour les acteurs du champ de la santé.

Comité d'organisation :

Luc Berlivet, chargé de recherche au CNRS, CERMES3
Benjamin Derbez, doctorant en sociologie, EHESS-IRIS/INCa
Aurélien Féron, doctorant en histoire, EHESS-CERMES3
Jean-Paul Gaudillière, directeur de recherche INSERM/directeur d’étude EHESS, CERMES3
Elodie Janicaud, doctorante en sociologie, EHESS-IRIS
Alessandro Manna, doctorant en anthropologie, EHESS-IRIS
Victor Royer, doctorant en anthropologie, EHESS-IRIS
Oumy Thiongane, doctorante en anthropologie, EHESS-CNE
Gaëtan Thomas, doctorant en histoire, EHESS-CRH/CERMES3
Frédéric Vagneron, doctorant en histoire, EHESS-CRH
Juliana Veras, doctorante en sociologie, EHESS-CERMES3
Aude Wyart, doctorante en anthropologie, EHESS-IRIS

Contact et organisation :

Les propositions comprendront entre 3000 et 4000 signes. Elles préciseront :  
  • le type de matériau mobilisé,  
  • l’approche envisagée.
Elles doivent être envoyées par courriel à l'adresse suivante : doctorantspps2012@gmail.com, au plus tard le 10 juillet 2012.

Les auteurs des propositions retenues en seront informés le 25 juillet 2012, ainsi que des modalités pratiques de la journée d'études. Ils auront jusqu’au 25 septembre 2012 pour envoyer le texte
de leur présentation.
Pour toute autre information concernant cet appel à communication et les journées d’études, vous pouvez contacter les organisateurs à l’adresse suivante : doctorantspps2012@gmail.com.

Date limite
  • le mardi 10 juillet 2012
Contact

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