La justice russe au quotidien. Regards sociologiques sur les pratiques judiciaires
CERI
-
56 rue Jacob
- 75006 Parius
L’objectif de cette journée d’étude est de comprendre comment fonctionne la justice pénale russe au quotidien. Malgré les réformes entreprises depuis l’adoption de la « Conception de la réforme judiciaire en RSFSR » (24.10.1991), l’image de la justice reste négative tant en Russie qu’à l’étranger. La soumission des juges au pouvoir politique est particulièrement dénoncée, en marge des procès les plus retentissants (ceux de MM. Khodorkovski et Lebedev, par exemple) ou bien encore en réaction à l’impunité pour les crimes commis lors de la guerre en Tchétchénie. Cette allégeance est vue comme un signe d’inertie, montrant que la justice pénale en Russie demeure aujourd’hui encore prisonnière de son passé soviétique. L’image de la justice russe est aussi celle d’une corruption endémique. C’est d’ailleurs au nom de la lutte contre ce phénomène que V. Poutine a poursuivi la réforme judiciaire à partir de 2001. Cette politique est censée répondre à une défiance générale vis-à-vis des institutions, engendrant selon l’expression reprise par D. Medvedev un niveau élevé de « nihilisme juridique » au sein de la population. Des analyses plus nuancées relèvent cependant que des progrès ont été réalisés durant la décennie 2000. Elles appellent notamment à distinguer l’évolution positive de la justice commerciale (arbitrazh, cf. Hendley) et celle de la justice pénale, dont l’inertie est dénoncée par les observateurs.
Ce sont ces représentations que la journée d’étude proposée cherche à interroger, en rassemblant des contributions qui analysent au plus près les pratiques judiciaires et en les faisant commenter par des spécialistes de ces sujets hors du contexte russe. Cette démarche se place dans la continuité des journées d’études précédemment organisées par le projet « Comprendre les violences en Russie », mené dans le cadre du CERCEC avec un soutien du programme Emergence(s) de la mairie de Paris. Après nous être interrogé sur l’action de la police et sur les prisons russes, nous cherchons à comprendre ce qui se passe lors de cette étape du processus judiciaire qu’est le procès. Peut-on considérer la justice, au même titre que la police et que la prison, comme coproductrice d’une violence institutionnelle ? Et si oui, comment l’expliquer ? En dépassant la vision d’une « justice aux ordres », nous nous interrogerons sur les juges, leurs pratiques et les explications qui peuvent en être données.
Date
-
le
jeudi 10 mai 2012
de 9h30
à 18h
Haut de page