Un mouvement féministe à échelles multiples : Le cas des « Okinawan Women Act against Military

Salle 7 EHESS  -  105 bd Raspail  -  75006 Paris

Mme ITO Ruri 伊藤るり, professeure de sociologie transnationale à l’Université Hitotsubashi, donnera une conférence dans le cadre du séminaire collectif du Centre Japon.

Cette présentation est fondée sur mon article introductif à un recueil de textes féministes publié en 2011[1]. Ce recueil de textes regroupe des témoignages concernant les mouvements féministes au Japon face à la mondialisation. Nous nous sommes  intéressées surtout aux mouvements transnationaux, autrement dit aux mouvements qui traversent les frontières nationales, participent à la « sphère publique transnationale » (Guidry, Kennedy et Zald, 2000) et aspirent à un changement nécessitant les interventions de multiples nations.

A l’instar d’autres pays, la décennie des femmes organisée par les Nations-Unies (1975-85) ainsi que les quatre conférences mondiales de Mexico City (1975) à Beijing (1995) ont créé des opportunités favorables aux mouvements féministes au Japon, aboutissant à la loi fondamentale sur la participation conjointe des hommes et des femmes à la société (1999). Mais l’ouverture de ce nouvel espace politique a eu des conséquences particulièrement importantes pour les mouvements des femmes minoritaires, jusque-là quasiment privées de moyen d’expression politique autonome au niveau national. Cela à conduit à un mouvement à échelles multiples : locale, nationale et  transnationale.

Le mouvement de l’association « Okinawan Women Act against Military Violence », cas emblématique de ces mouvements des femmes minoritaires, fera l’objet de notre présentation. Cette association a été créée en novembre 1995, suite à l’incident du viol d’une enfant de 12 ans, par trois soldats américains le 4 septembre de la même année. Nous examinerons (i) comment ce groupe est né et a pu jouer le rôle de l’ « entrepreneur normatif » en transposant la notion de la « violence contre les femmes », empruntée à la « sphère publique transnationale » du féminisme global dans le contexte de la société d’Okinawa, (ii) les tensions entre l’association et les autres acteurs engagés dans le mouvement anti-base militaire à Okinawa ainsi que les mouvements féministes métropolitains, et (iii) leur participation dans la construction des réseaux opposés aux bases militaires des Etats-Unis grâce à l’alliance avec les mouvements internationaux.

 


[1] Globalization, Collection « Feminism in Japan » (Nouvelle édition), Vol. 9, édité avec l’introduction par Ruri Ito et sous la direction de Masako Amano, Kimio Ito, Ruri Ito, Teruko Inoue, Chizuko Ueno, Yumiko Ehara, Mari Osawa, Mikiyo Kano, avec la collaboration de Minako Saito, Tokyo: Iwanami Shoten, 2011.


Date
  • le jeudi 15 mars 2012  de 11h  à 13h
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