Miroir baroque des mélancolies post-coloniales

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Le candomblé est un culte de possession qui s’est développé au Brésil, d’abord parmi les descendants des esclaves victimes de la Traite négrière. Il a pour particularité d’associer les croyances issues du catholicisme et des religions amérindiennes et africaines. Centré autour du culte de divinités africaines rattachées à différentes nations (Jeje, Nagô, Angola, Congo, Ketu,etc.), évocatrices d’anciens royaumes africains, le candomblé est aujourd'hui l’une des religions les plus populaires du Brésil et ses adeptes proviennent de toutes les classes sociales.

Comment comprendre la célébration conjointe de Jésus-Christ et du fondateur présumé d’un ancien royaume africain ? Dans une même séquence, un prêtre catholique officie au rite eucharistique et un chef de culte préside à l’immolation d’un taureau dont la tête et les entrailles sont transformées en objets divins.

Cet ouvrage renouvelle l’approche du candomblé de Bahia à partir d’un espace-temps - l’Atlantique sud - au sein duquel, la Traite esclavagiste, la Réforme catholique et un ethos baroque ont reconfiguré les territoires du nouveau Monde et les enclaves africaines. L’analyse détaillée de deux rituels qui fondent l’identité de deux maisons du candomblé contemporain, témoigne d’une cohabitation pacifique et hiérarchisée des entités chrétiennes, africaines et amérindiennes, dans un tout englobant qui illustre parfaitement l’idéal de démocratie raciale, cette idéologie fondée dans les années 1930 par les nouvelles élites intellectuelles pour faire du Brésil indépendant et post-esclavagiste un État-nation moderne, et dont les effets dans la société civile sont encore loin d’être atteints. À l’encontre des études en termes de syncrétisme, de résistance et de religiosité marginale, l’auteure démontre, à partir de ces cas exemplaires, que le candomblé, bien que représentant une Afrique mythique, perdue ou retrouvée, illustre également quatre siècles de situation coloniale dont l’univers de représentation, avec ses divinités protéiformes, constitue le miroir baroque des mélancolies postcoloniales.

Emmanuelle Kadya Tall est anthropologue à l’Institut de Recherches pour le Développement (IRD) depuis 1985 et membre du Centre d’études africaines de l’EHESS depuis 2000. Elle a effectué de longs séjours de terrain au Sénégal (1980-1983), au Bénin (1986-1990) et au Brésil (1994-1999) dans le cadre de ses recherches en anthropologie de la maladie et en anthropologie religieuse.

Contact presse :  Laurence Vandame : 01 44 18 12 05 – laurence.vandame@editionsducerf
Date
  • le lundi 20 février 2012
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