La question des conditions de la liberté de conscience individuelle au Japon

Salle 7 EHESS  -  105 bd Raspail  -  75006 Paris

La question des conditions de la liberté de conscience individuelle au Japon

M. Yûsuke INENAGA (EPHE/GSRL) donnera une conférence dans le cadre du séminaire collectif du Centre Japon.

Résumé

Introduction
I. La question de la communauté traditionnelle
- Une conscience libre de l’individu dans l’exode rural
- La sensibilité du paysan envers ses dieux et ses ancêtres
II. La question des principes du lien familial
- La piété filiale et la « loyauté religieuse » à l’égard du supérieur
- La nécessité d’une structure familiale et la famille impériale
- La conscience de la communion et l’amour de la patrie
Conclusion : le service militaire et l’esprit de sacrifice

Dans cette intervention, je tenterai d’explorer le système de pensées croisé entre le politique et le religieux dans l’histoire moderne au Japon. Il s’agira de mettre l’accent sur la période Meiji (1868-1912), considérée comme une époque de consolidation du régime politique. Je pourrais définir ce régime politique comme une « théocratie constitutionnelle ». Cet exposé proposera une réflexion sur les conditions de possibilité de la liberté de conscience individuelle. J’expliquerai la relation entre régime politique et croyance du peuple, telle qu’elle s’établit dans le processus d’intériorisation des normes par rapport à une forme de lien familial. Quelle est la conception des normes du peuple qui convient à un nouvel état social au Japon ? C’est ce que je tenterai d’étudier, en me référant aux discours des élites d’État et des intellectuels comme Inoue Tetsujirô, Nishimura Shigeki, Nitobe Inazô, Yanagita Kunio. Quant à la fusion que ceux-ci recherchent entre les normes féodales et la croyance shintoïste, je propose deux axes de réflexion, en prenant le culte des ancêtres comme fil directeur pour aborder les conditions de possibilité de la liberté de conscience individuelle. Dans le premier axe, j’exposerai l’attachement à la terre, et d’abord au pays natal, en considérant la question de l’exode rural. Je développerai ensuite le respect de la piété filiale. Je soulignerai ici notamment la préoccupation des intellectuels nationalistes qui se vouent à l’essence de l’État japonais et qui adoptent une posture anti-individualiste. Pour conclure, j’expliquerai l’esprit de sacrifice des soldats, qui correspond à leur attitude de fidélité envers leurs ancêtres « nationaux ». À cet égard, j’insisterai sur la notion japonaise de « beauté morale » célébrée au sanctuaire shintoïste de Yasukuni, qui est considéré comme un lieu sacré, incompatible avec la liberté de conscience individuelle au sein du régime démocratique.
Date
  • le jeudi 1er décembre 2011  de 11h  à 13h
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