Influences et représentations des jésuites dans l' Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

EHESS, s. 524  -  54 bd Raspail  -  75006 Paris

Thèse soutenue par Sébastien Brodeur-Girard

Préparée sous la direction de Dominique Julia

Président du jury : Mme Susan Dalton, Professeure adjointe à l'université de Montréal

Jury : Mme Dominique Deslandres, Professeure agrégée à l'université de Montréal (Directrice de thèse)
M. Pierre-Antoine Fabre, Directeur d'études à l'EHESS
Mme Antonella Romano, Chargée de recherche au CNRS

Spécialité : Histoire et civilisations


L'animosité des jésuites envers les philosophes français au XVIIIe siècle, en particulier à l'égard de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, est un fait reconnu traditionnellement. Or, un examen attentif des relations entre les encyclopédistes et la Compagnie de Jésus permet d'entrevoir une réalité bien plus complexe. Les jésuites n'ont pas été particulièrement hostiles envers les défenseurs des idées des Lumières et ce sont plutôt les philosophes qui, pour des raisons d'affirmation identitaire, ont choisi de faire des jésuites leurs ennemis privilégiés. L'intégration des jésuites à l'intérieur de la république des Lettres semble avoir été ainsi bien plus grande que ce que le discours des philosophes laisse croire. Les jésuites sont d'ailleurs très présents à l'intérieur même de l'Encyclopédie.

On retrouve dans cet ouvrage une double image paradoxale de ces religieux. La première image, classique, s'attache à la Compagnie de Jésus en tant que groupe, est plutôt négative et s'inspire largement des stéréotypes antijésuites. La deuxième concerne les individus jésuites, qui sont cités en grand nombre (plus de 280 différents) dans l'ouvrage encyclopédique, et se veut tout à fait neutre. Elle est de loin l'image la plus importante. Les encyclopédistes citent les travaux des jésuites sans a priori négatif et les apprécient en fonction de leur valeur propre et non de leur affiliation avec la Compagnie de Jésus.

Derrière la représentation négative des jésuites traditionnellement colportée, il existe donc une affiliation intellectuelle importante de la Compagnie avec les hommes de lettres de l'époque, y compris les philosophes. Ceci amène à réévaluer le rôle exact joué par les jésuites dans la république des Lettres, du début du XVIIIe siècle à leur suppression en 1762.


The influences and representations of the Jesuits in Diderot and D'Alembert's Encyclopédie


The animosity of Jesuits against French philosophers, in 18th century, and in particular against Diderot and d'Alembert's Encyclopédie, is a traditionnaly recognized feature. However, a close examination of the relations between the encyclopedists and the Company of Jesus gives us insight that is much more complex. Jesuits weren't particularly hostile to the partisans of Enlightenment: it was the philosophers who chose them as their particular enemies. The Jesuits' integration in the Republic of Letters seems to have been much more important than the philosophers discourse says. Jesuits are indeed very present in the Encyclopédie.

There is, in this book, a paradoxical double representation of the Jesuits. The first of these representations is negative and is inspired by anti-Jesuit stereotypes. The second, much more important, concerns the individual Jesuits who are mentionned in great number in the Encyclopédie. The encyclopédistes talk of the Jesuits, works without negative bias and judge them for their own value and not because they are affiliated with the Company of Jesus.

Beside the traditional negative representation of the Jesuits, there is an important intellectual link with the men of letters of the time, philosophers included. This brings us to a reevaluation of the exact role played by the Jesuits in the Republic of Letters, from the beginning of the 18th century to their suppression in 1762.

Date
  • le vendredi 25 juin 2004
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