Comment penser l'État dans l'histoire de l'Islam

EHESS - salle Maurice et Denys Lombard & salle 2  -  96, bd Raspail & 105, bd Raspail  -  75006 Paris

La réflexion sur les formes de l’État dans le champ des études islamiques a longtemps été inversement proportionnelle à son développement historique. La défiance à l’égard du pouvoir politique en Islam et la disqualification de son exercice dans les milieux producteurs de l’écrit, depuis la formation sociale du groupe des oulémas à haute époque et plus encore une fois dissipées au XIe siècle les dernières espérances placées dans le califat, ont largement été reprises par les historiens contemporains sans autre forme de procès. Outre la force de conviction des sources, c’est une certaine conception de l’État qui s’est jouée depuis la fin du XIXe siècle, entendu comme construction historique indissociable de l’aventure européenne, renforcée en creux par la fascination non démentie de l’orientalisme savant pour cette société civile de l’Islam qui entendait en incarner le destin.

Le profond renouvellement des connaissances sur les XIIe-XVIe siècles qui virent triompher les sultanats partout dans le monde islamique, la réinterprétation de la culture princière en Islam par les historiens de l’art et de l’architecture, la relecture enfin de l’œuvre d’Ibn Khaldun (1332-1406), sont autant d’invitations à tenter de penser autrement l’État dans l’histoire de l’Islam. Cette journée d’études se donne ainsi pour ambition d’explorer les formes prises par l’État envisagé comme processus de domination sociale, au-delà des questionnements traditionnels sur la légitimité religieuse et légale de l’exercice du pouvoir.

Dégager une histoire proprement islamique de l’État comme somme des expériences politiques particulières suppose d’ouvrir en grand l’angle d’étude, afin de faire se cotoyer des histoires aussi éloignées dans le temps que dans l’espace, des Omeyyades aux Ottomans et du Maghreb à l’Inde islamique, à rebours de leur cloisonnement académique. C’est à ces conditions que l’on pourra tenter de penser à nouveaux frais l’État islamique.

Première session : matinée - 96, bd. Raspail, rez-de-chaussée, salle Maurice et Denys Lombard, à partir de 9h.

Président de séance : Nicolas Vatin (CNRS & EPHE)

Gabriel Martinez-Gros (Univ. Paris-10), Penser l’État islamique à partir d’Ibn Khaldûn.
Antoine Borrut (Univ. of Maryland), Entre fitna et jihâd : les Omeyyades et la fondation de l'État islamique.
Hugh Kennedy (SOAS, Londres), The Late Antique Islamic State and its Collapse.
Pascal Buresi (CNRS, Paris), Le califat almohade : archétype de l'État khaldûnien ?

Deuxième session : après-midi - 105, bd. Raspail, 1er étage, salle 2, à partir de 14h30.

 Président de séance : Hugh Kennedy (SOAS, Londres)

 Marie Favereau (chercheur indépendant), Tengrî ta‘âlâ. Comprendre les rouages du premier État gengiskhanide islamique (xiiie-xve siècle).
Julien Loiseau (Univ. Montpellier-3), Comment l’État islamique s’est sédentarisé. Ville et dynamiques du pouvoir dans le sultanat mamelouk.
Corinne Lefèvre (CNRS, CEIAS), L’État islamique face à sa diversité ethnique et religieuse : le cas de l’empire moghol.
Nicolas Vatin (CNRS, CETOBaC & EPHE), discutant.

 

 

Date
  • le vendredi 5 novembre 2010  de 9h  à 14h30
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