L’évènement est en effet non seulement une « rupture d’intelligibilité » (Fassin & Bensa), mais aussi une rupture qui engage à la fois les individus (ruptures biographiques) et les organisations sociales (crises sanitaires, catastrophes humanitaires…). Entre le structurel et l’accidentel, l’éphémère et le durable, l’événement est difficile à appréhender. Cette complexité caractérise particulièrement l'événement de santé, dans la mesure où il se situe à l’articulation de la nature et de la culture. À un niveau individuel, il concerne des épisodes « naturels » : la mort, la maladie, l’accident, la naissance ou encore la guérison. Dans les sociétés les plus développées, l'amélioration des conditions de soins et de vie a conduit à un recul dans le temps ou à une diminution de la fréquence des évènements « négatifs » de santé, qui sont davantage individualisés et médicalisés. Il importe de prendre en considération les modalités de mise en forme de l’expérience individuelle lorsque sa continuité se trouve interrompue par un événement touchant la santé. Quelles ressources (profanes ou expertes, privées ou publiques) sont mobilisées par les personnes pour gérer des « vies brisées » (Gay Becker, 1997) ou pour faire face aux dangers et incertitudes menaçant la stabilité de leur existence (Kleinman, 2006) ? Les évènements de santé collectifs, quant à eux, se présentent de façon sensiblement différentes dans les pays dits développés et dans les pays dits sous-développés. Tandis que dans les premiers il s'agit principalement d'évènements qu'il convient d'anticiper et de contenir, dans les seconds il s'agit d'épidémies ou d'affections caractérisées par un taux de mortalité élevé. On le voit, la notion même d'évènement de santé recouvre un ensemble de réalités très disparates. Un des possibles angles d'attaque pour l'appréhender est l'analyse de la construction d'un fait sanitaire en événement. Quels acteurs et quelles procédures sont mises en jeu ? Repérage statistique, défense d'une cause commune par un groupe d’individus, mobilisation de « donneurs d’alerte » ? Une autre modalité pour rendre compte de l'évènement consiste à analyser sa mise en récit. Comment différents acteurs se mobilisent pour construire un récit et donner un sens à l'évènement ? Quels arguments sont mobilisés, et quels sont les ressorts émotionnels ou moraux mis en jeu ? Au delà ces deux pistes, quelles autres problématisations de l'évènement s'avèreraient pertinentes ?
Formation doctorale « santé, populations, politiques sociales » (SPPS), EHESS, Paris.
Réseau de doctorants Santé et Sociétés
Les propositions à faire parvenir aux organisateurs comprendront entre 3 000 et 4 000 signes, et devront être envoyées par courriel, en pièce jointe, à l’adresse suivante : evenementsante2010@gmail.com, avant le 1er septembre 2010.
Les auteurs des propositions retenues en seront informés le 10 septembre 2010, ainsi que des modalités pratiques de la Journée d'étude.
Date prévisionnelle de la Journée d'étude : 10 novembre 2010