Inactualité de l'ornement

Images re-vues n° 11 : Inactualité de l'ornement

« Si l’ornement est un crime, alors je suis un criminel », a dit Wim Delvoye il y a une dizaine d’années. Il est loin aujourd’hui le temps où l’ornement était banni des arts d’avant-garde, celui d’Adolf Loos et de son fameux essai « Ornement et crime » de 1908, celui de Kandinsky qui évoquait les dangers décoratifs dans lesquels pouvait tomber la peinture abstraite. Un des effets du postmodernisme aura sans doute consisté à réconcilier les arts et l’ornement, le superficiel, l’apparence, le kitch. Il a pu permettre aussi de revaloriser les mouvements artistiques historiques ou exotiques caractérisés par leur profonde ornementalité (l’art roman, le baroque, la parure océanienne, l’art islamique).

On peut énoncer quelques raisons à ce changement radical. D’abord une volonté de rupture avec le diktat moderniste de la forme pure – avec Greenberg pour tout dire ; mais, plus philosophiquement, le rejet du règne de l’essence au profit de l’apparence – le regain d’intérêt pour Nietzsche en est le symptôme.
Ensuite une forme d’abandon des utopies avant-gardistes (comme des utopies tout court), des arrières-mondes (pour rester avec Nietzsche) et un certain épicurisme, un vitalisme, qui parfois se concrétise en simple acceptation cynique de la société de consommation. Enfin une ouverture aux autres cultures, à l’époque de la décolonisation et du Lévi-Strauss de Race et histoire, où l’ornement occupait depuis longtemps la place réservée à l’art dans la civilisation occidentale. En fin de compte le postmodernisme ne pourrait-il pas se définir tout simplement comme le triomphe de l’ornement ? Sommes-nous toujours dans ce régime ? L’ornement règne-t-il en maître, pour le meilleur et pour le pire, dans le monde d’aujourd’hui ?

Ce numéro a pour fin première de questionner l’inactualité de l’ornement, au sens nietzschéen, c’est-à-dire d’interroger son rôle dans les relations entre histoire et devenir, représentation et production – mais aussi au sens courant, c’est-à-dire d’interroger l’histoire et la théorie de l’art ancien ou les objets visuels extra-occidentaux, afin de mieux cerner, par le détour de l’histoire et de l’anthropologie, la puissance que nous attribuons à l’ornement. Il a pour but second de revisiter l’histoire du modernisme et du postmodernisme par le prisme ornemental. Il a pour ambition ultime de diagnostiquer le rapport du contemporain à l’ornement : dans le monde artistique, la société, la philosophie – en croisant les données recueillies par des chercheurs en histoire de l’art et en esthétique, en sociologie et en anthropologie, en philosophie et en économie, etc.

Les propositions d’articles ne devront pas comporter moins de 1000 mots ; les articles ne devront pas dépasser 95000 signes.

Date limite de l’envoi des propositions d’articles : 1er septembre 2010 ou date limite de l’envoi des articles : 31 octobre 2010

Date
  • du mercredi 17 février 2010 à 12h au  mercredi 1er septembre 2010 à 23h
  • du mercredi 17 février 2010 à 12h au  dimanche 31 octobre 2010 à 23h
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