Journée d'étude du 12 mars 2010 du LIAS Durkheim et Lévi-Strauss
Ce qui frappe lorsqu’on lit Claude Lévi-Strauss sur Durkheim, c’est, en général, la sévérité du ton. On perçoit à travers toute l’œuvre du refondateur de l’anthropologie française une sorte de dédain global envers celle de du sociologue. Ce rejet fait problème, ne serait-ce que d’une point de logique en quelque sorte dans la mesure où la filiation entre Durkheim et Mauss, d’un côté, et celle entre Mauss et Lévi-Strauss, de l’autre côté, apparaissent toutes les deux comme plutôt sereines et empreintes de respect. Par ailleurs, une sorte de sens commun des sciences sociales contemporaines assimile désormais volontiers Durkheim et Lévi-Strauss, tels les deux dieux tutélaires d’un humanisme sociocentré puissamment imprégné de morale kantienne, marque de fabrique, si l’on peut dire, de la pensée française du dernier tiers du XIXe et de tout le XXe siècle. Autrement dit, ce commun sens, surinterprétant alors la figure de Mauss, minimisant la différence entre sociologie et anthropologie et se méprenant peut-être sur le sens de l’apport jakobsonien, réconcilie deux pensées dont l’une, du moins à la lecture des textes, se veut très éloignée de l’autre. Nul doute qu’il y ait là une situation assez paradoxale et digne d’examen.
C’est cette situation que nous aimerions débrouiller au cours de cette journée du 12 mars. Nous la concevons tel un atelier-séminaire largement ouvert aux étudiants. Elle comportera un nombre d'intervenants relativement restreint (8) mais qui représentent diverses branches de nos disciplines (sociologie, philosophie, linguistique, anthropologie) ainsi que diverses classes d'âge. Les angles d’approche seront multiples, des détails biographiques aux grandes pesanteurs de l’épistémologie ou aux derniers acquis de l’exégèse. Les interventions dureront environ 40 minutes afin de laisser une large part à la discussion informelle. On peut ainsi imaginer dans la foulée de cette journée une publication qui reprenne non seulement les interventions mais également les débats subséquents.
Programme
12 mars 2010, Salle 215, MSH, 2e étage. 9h00 -18h30. 54 boulevard Raspail 75006 Paris
- 9h00- 9h20 Introduction Emmanuel Désveaux & Michel de Fornel (LIAS/IMM)
- 9h20- 10h00 Tanja Bogusz (Assistant Prof. Humboldt Universität zu Berlin) « L'expérience en tant que catégorie sociale chez Durkheim et Lévi-Strauss»
- 10h00-10h40 Salmon Gildas (ATER Université de Besançon) (non communiqué)
- Pause (15 mn)
- 10h55-11h35 Michel de Fornel (Dir. d’études EHESS, LIAS/IMM) « Théorie sociale du symbolique ou théorie symbolique de la société ? »
- 11h35-12h15 Bruno Karsenti (Dir. d’études EHESS, IMM) « Le totémisme revisité »
- 12h15-13h00 Questions et Débat
- 13h00-14h00 Pause déjeuner (libre)
- 14h00/14h15 Reprise
- 14h15-14h55 Camille Tarot (Prof. de sociologie Université de Caen, CERReV) « Lévi-Strauss et Durkheim : pertes et profits sociologiques d'une rupture fondatrice »
- 14h55-15h35 Philippe Lacour (Attaché de recherche Université Libre de Bruxelles) «Objet et méthode d’une science sociale. Gilles-Gaston Granger entre Durkheim et Lévi-Strauss »
- Pause (15 mn)
- 15h35-16h15 Laurent Berger (Chargé de la recherche au musée du quai Branly, LAS) « Durkheim et Lévi-Strauss, ou le fait religieux à l’interface des sciences sociales et cognitives »
- 16h15- 16h55 Emmanuel Désveaux (Dir. d’études EHESS, LIAS) « Durkheim et de quelques autres fantômes lévi-straussiens »
- 17h00-18h00 Questions et Débat
- Journée d’étude organisée par Emmanuel Désveaux & Michel de Fornel dans le cadre du LIAS, IMM (CNRS/EHESS, UMR 8178)
Contacts : Irina Olariu et Mickaële Lantin Mallet (LIAS (EHESS)),
bureau 234, 54, boulevard Raspail 75006 Paris
tel : 01 49 54 20 71 mail : mlantin@ehess.fr et olariu.irina@ehess.fr