Journée d’étude, dirigée par Anthony Pecqueux et coordonnée avec Florian Caron, sociologues, Centre Norbert Elias (Shadyc)
Cette journée d'étude cherche, à rebours de la focalisation quasi-exclusive sur la perception visuelle dans les sciences sociales, à explorer les enjeux sociaux particuliers liés à la perception auditive et à l'exposition sonore. S’il n’est pas question ici de s’intéresser aux seules dimensions sonore et auditive (et de recréer ainsi, après la dominante visuelle, une nouvelle métaphore unisensorielle), l’enjeu se situerait plutôt dans le fait de parvenir à renforcer la compréhension de l’articulation en situation de nos différentes facultés sensorielles.
Mardi 1er décembre 2009, 9h30-17h
Marseille, EHESS – Centre de la Vieille Charité
Centre Norbert Elias (SHADyC – Cnrs/Ehess)
Argument
Pour les sciences sociales, la perception visuelle reste une puissante métaphore, jusqu’à focaliser parfois exclusivement les études et les analyses ; que l’on pense par exemple aux notions de visibilité et d’observabilité dans le cas de l’appréhension de l’espace public urbain. Cependant, d’autres pistes de réflexion dressent les contours sociaux d’une part importante de notre exposition sensorielle et de nos activités perceptives : la dimension sonore. Ainsi, pour le philosophe pragmatiste américain John Dewey, les sons renvoient à des effets : à « la manifestation immédiate des changements apportés par des forces en lutte ». Ailleurs, ce sont les philosophes Roberto Casati et Jérôme Dokic qui soulignent la « nature événementielle du son », c’est-à-dire le fait que la survenue d’un son est liée à la survenue d’un événement dans le monde, comparativement à la « simple » perception de qualités visuelles ; ou encore, l’anthropologue Tim Ingold pour qui il est question d’« entendre les activités »[1].
Ces différentes analyses posent des enjeux particuliers, qui restent largement à préciser mais qui relèvent tous d’enjeux sociaux, pour ce qui concerne la perception auditive et l’exposition sonore. S’il n’est pas question ici de s’intéresser aux seules dimensions sonore et auditive (et de recréer ainsi, après la dominante visuelle, une nouvelle métaphore unisensorielle), l’enjeu se situerait plutôt dans le fait de parvenir à renforcer la compréhension de l’articulation en situation de nos différentes facultés sensorielles. Dit autrement, l’enjeu pourrait être de repartir des acquis de cette longue tradition de focalisation sur le visuel, pour les prolonger et/ou redéployer avec le sonore.
Programme
- 9h30 : Accueil des participants
- 9h45 : Mot d’accueil, par Jean Boutier, directeur du Centre Norbert Elias, Directeur d’Etudes à l’EHESS
- 10h : Anthony Pecqueux (CNE, Ehess / Cnrs), « En guise d’introduction : quelques implications sociales des définitions du son »
- 10h30 : Antoine Hennion (Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines Paris Tech) : « Attention, attentions ! Une sociologie de la conduite de soi au milieu des autres »
- 11h30 : Jacques Cheyronnaud (CNE, Ehess / Cnrs) : « Faire du bruit »
12h30 – 14h30 : Pause déjeuner
- 14h30 : Anthony Pecqueux (CNE, Ehess / Cnrs) : « Les affordances des événements : Se saisir du sonore en situation »
- 15h30 : Jean-Christophe Sevin (CNE, Ehess / Cnrs) : « Parler de sons »
- 16h00 : Florian Caron (CNE, Ehess / Cnrs) : « Socialisations et transactions sonores : résonances et sentiments chez les guitaristes »
- 16h30 : Discussion collective
[1] Cf., respectivement : John Dewey, 2005, L’art comme expérience, Pau, Farrago ; Roberto Casati et Jérôme Dokic, 1993, La philosophie du son, Nîmes, Ed. J. Chambon ; Tim Ingold, 1993, “The Temporality of the Landscape”, World Archaeology, vol. 25 n° 2, p. 152-174. On pourrait aussi évoquer les pistes stimulantes contenues, par exemple, chez Ervin Straus, 2000, Du sens des sens. Contribution à l’étude des fondements de la psychologie, Grenoble, Ed. J. Million ; ou chez Mikel Dufrenne, 1987, L’œil et l’oreille, Montréal, Editions de l’Hexagone.