Jean Bazin (1941-2001) : Terrains africains. Une autre anthropologie ?

Amphithéâtre  -  105 bd Raspail  -  75006 Paris
Le Centre d'Etudes Africaines (CEAf), l'Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les Enjeux Sociaux (Iris) et le Centre d'Anthropologie des Mondes Contemporains (CAMC-IIAC) organisent une journée d'études : Jean Bazin (1941-2001) : Terrains africains. Une autre anthropologie ?

Programme

9h30-10h  : Ouverture : Marc Augé (EHESS) et Issaka Bagayogo (Univ. Bamako)

10h15-11h45  : La trajectoire d'un penseur hors des sentiers battus et la question du déconstructivisme

  • Président de séance : Issaka Bagayogo (Univ. Bamako)
  • Discutant : Alban Bensa (EHESS)
  • Jean-Pierre Dozon (EHESS/IRD), Déconstruire l'ethnie fut-il une entreprise vaine ?
  • Bernard Müller (EHESS), Déconstruction et reconstruction de l'objet.

12h-13h30   Des objets-dieux aux choses en acte

  • Président de séance : Marc Augé (EHESS)
  • Discutant : Thierry Bonnot (CNRS)
  • Jean-Paul Colleyn (EHESS), Les chausse-trappes des choses-dieux. Jean Bazin et la question du fétiche.
  • Kadya Tall (IRD), Du pouvoir (et) des choses.

 13h30  déjeuner (libre)

14h15-15h15   : Film Altérité ou différence, Conférence de Jean Bazin à l'Université de Tous les Savoirs, avril 2001

15h30-17h30   Les logiques du politique

  • Président de séance : Michel Agier (EHESS/IRD)
  • Discutant : Rémy Bazenguissa (Univ. Lille I)
  • Emmanuel Terray (EHESS), Réflexions sur les royaumes africains
  • Jean Schmitz (IRD), Historisation du politique ("guerre des races" en abîme...) et/ou actualité de la description ?
  • Clemens Zobel (Univ. Paris VIII), L'émergence de l'Etat et l'instance du politique dans l'anthropologie historique de J. Bazin : réflexions à partir du Mali et Segou.

 17h30-18h   Clôture : Michel Naepels (CNRS), De Machiavel à Wittgenstein : un itinéraire de recherche.

18h15   Cocktail

Jean Bazin prend contact avec l'Afrique comme enseignant à Bamako (Mali) entre 1967 et 1968.  Il  engage alors ses premières recherches sur l'ancien royaume de Ségou. Agrégé de philosophie, cet élève de Louis Althusser et de Georges Balandier, ne cessera de croiser ce double héritage, associant étroitement l'enquête ethnographique et historiographique à une réflexion théorique sur les sciences sociales.
Ses travaux sur l'Afrique de l'Ouest, qui s'appuient sur une documentation qu'il avait lui-même recueillie en langue bambara et sur une connaissance très érudite des écrits anciens, notamment arabes, éclairent des questions théoriques essentielles. La traduction de récits, l'analyse de conflits actuels ou passés et la confrontation de l'histoire orale aux Archives, lui ont permis de développer une analyse extrêmement pénétrante des logiques du politique à l'oeuvre dans la servitude, la guerre, les « royautés sacrées » et les rites de souveraineté.
Au coeur de cette anthropologie du politique, le travail critique décapant de J. Bazin s'attachait à mettre au jour tout ce que le pouvoir doit aux objets et à leur mise en scène. Cette puissance des « choses » ne se retrouve-t-elle pas aussi en acte dans nos musées d'ethnographie ou au Louvre ?  Le démontage du sacré traverse tous ses textes sur les « fétiches », les oeuvres d'art et leurs divers usages.
 Questionneur inlassable et exigeant, J. Bazin affichait le souci de ne jamais rapporter pratiques et savoirs locaux à des entités englobantes aussi incertaines à ses yeux sur le plan théorique que « la culture », « l'ethnie » ou « la société ». En référence à ses enquêtes d'africaniste et  avec l'appui qu'il disait quotidien de l'oeuvre de Wittgenstein, il avait entrepris de débusquer donc les faux-semblants et de révoquer les arrière-mondes auxquels non seulement l'ethnologie mais aussi l'histoire et la sociologie rapportent trop souvent les situations effectives qu'elles prétendent décrire. Refusant de se satisfaire des procédures d'interprétation habituelles, Jean Bazin a mis en examen, avec une radicalité peu commune les notions de croyance, de représentation, d'époque, de reproduction sociale ou d'oeuvre d'art, dans des textes certes peu nombreux mais extrêmement denses et stimulants constituant, à l'évidence, une oeuvre majeure.  Sa rigueur, son humour, son utilisation toujours subtile et souvent caustique de la philosophie analytique et pragmatique faisaient vaciller sur leurs bases les interprétations les plus spéculatives du culturalisme et du structuralisme.

Cette Journée organisée en tables rondes thématiques sera l'occasion de revenir sur un itinéraire en questionnant quelques-unes des importantes avancées de l'oeuvre décapante de Jean Bazin.



Date
  • le mercredi 3 juin 2009  de 9h30  à 19h
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