Cette table ronde a pour objet de rendre compte des réformes des législations concernant le statut personnel ou encore le droit de la famille dans les pays qui s’inspirent de la chari’a (sunnite ou chi‘ite). Bien qu’il soit prématuré, faute de distanciation et d’études concrètes, de mesurer de manière rigoureuse les impacts de ces réformes sur la situation des femmes et sur les rapports sociaux de sexe dans une perspective comparée, il est néanmoins possible d’interroger les textes en références au contexte social de chaque pays. La comparaison des réformes menées dans divers pays pourrait nous éclairer sur leur aptitude à induire des changements.
La codification en elle-même comme son contenu font l’objet de contestations de la part des courants qui agitent ces sociétés, qu’ils soient islamistes, réformistes-islamiques ou séculiers. La codification est récusée par le courant islamiste radical qui prône le retour pur et simple aux normes de la chari’a ; elle est rejetée par le courant séculier qui revendique la substitution de lois civiles au code. Les réformistes quant à eux, se focalisent sur le contenu de la codification, notamment à travers la réactivation de l’ijtihad (interprétation).
Au-delà des différences, des dissemblances, résultant des conditions spécifiques à chaque société, des rites et écoles du fiqh auxquels se rattache chacune d’elle, ces réformes obéissent – elles à une logique de rendre justice aux femmes ou à une logique conservatrice, tout en procédant à un aménagement ou réaménagement? Quel est l’impact des mouvements des femmes dans ces sociétés sur la direction des réformes et leur application ?