Cultures d'empires ?

Circulations, échanges et affrontements culturels en situations coloniales et impériales

Appel à contributions pour un colloque à Paris du 22 au 24 octobre 2009

Les propositions de communication comportant un titre, un résumé d’une page et un bref CV doivent être envoyées à l’adresse suivante : cultures.empires@yahoo.fr avant le 15 février 2009

Les recherches des trois dernières décennies ont mis en évidence la variété, l’importance et la complexité des expériences culturelles qui ont accompagné, croisé, combattu et transformé les colonisations. La multiplicité des instruments et des présupposés théoriques mobilisés par ces recherches fait leur richesse, mais cette expansion tous azimuts a aussi imposé une définition  minimaliste, et parfois essentialiste, des « cultures coloniales ». Le regain actuel d’intérêt pour les empires, qui ne sont pas tous coloniaux, invite à relancer la réflexion. Les liens entre les cultures et les empires sont à la fois évidents et difficiles à définir. La diversité des cultures, le jeu sur les notions apparentées et emboitées de civilisation et de culture, les liens implicites et explicites entre universalisme et adhésion à une culture commune, ont été autant de ressources mobilisées pour et contre les colonisations, par les empires et par leurs sujets. Ces deux notions partagent en outre une polysémie et une capacité synthétique qui les rendent à la fois indispensables et insaisissables. Les réunir en se demandant s’il est possible de parler de « cultures d’empires », est donc une provocation
pleinement assumée.

Aux fausses évidences des inventaires des cultures coloniales et à la compartimentation des approches en termes de « fragments », la réflexion sur ce que sont ou ne sont pas les cultures d’empires invite en effet à substituer une interrogation sur la substance et la consistance des expériences culturelles en situations coloniales et impériales, en admettant aussi qu’elles puissent manquer de l’une comme de l’autre. Comment saisir et analyser ces expériences ? A l’aide de quels instruments ? A partir de quels objets ? Ce colloque propose d’entrer de façon collective dans cette réflexion en liant ces deux démarches.

La première séance du colloque sera consacrée au débat épistémologique. Si de nombreux apports théoriques, paradigmatiques et méthodologiques ont enrichi l’étude des colonisations et des empires, cette abondance a l’inconvénient de reléguer au second plan la question des échanges entre des disciplines, des hypothèses et des références qui ne sont pas toujours, ni automatiquement convergentes. A partir de positionnements différents et de bilans dégageant les acquis et les difficultés, les convergences comme les points de dissension, on recherchera donc un réinvestissement des échanges d’une discipline à l’autre, d’une théorie et d’un paradigme à l’autre.

Les séances suivantes partiront d’études de cas pour esquisser des lignes problématiques. Pour échapper aux raccourcis essentialistes toujours tentants, il est indispensable de (re)mettre au centre des analyses, les circulations, les transferts, les échanges, les inventions, les refus et les contestations qui forment la trame des expériences culturelles en situations coloniales et impériales. On privilégiera donc la compréhension de la plasticité et de l’historicité de ces expériences sur la description de leur diversité. Dans quelles gammes de traditions, d’objets et de pratiques, au fil de quelles conjonctures et le long de quels réseaux d’acteurs viennent-elles se greffer ? Comment circulent-elles dans l’espace et dans le temps ? Comment s’insèrent-elles dans l’ensemble plus vaste des expériences culturelles contemporaines, antérieures et postérieures ? Quelle(s) spécificité(s) coloniale(s) ou impériale(s)
est-il possible de repérer ? Prendre au sérieux ces questions exige des réponses fondées sur des enquêtes méthodiques et rigoureuses, travaillant de façon inventive les sources qu’elles mobilisent et jouant d’échelles différentes pour mieux saisir leurs objets. Ces critères méthodologiques seront décisifs dans le choix des contributions.

Pour regrouper les interventions et favoriser ainsi le débat, on insistera particulièrement sur deux éléments et on mettra en exergue deux interrogations :
  • sur quelles circulations impériales, matérielles et immatérielles, reposent les expériences culturelles en situations coloniales et impériales ? Quels sont leurs voies et leurs réseaux ? Quels espaces se dessinent autour de ces circulations ?
  • quelles interactions se nouent autour des langues, vernaculaires, véhiculaires, orales et écrites, de domination et/ou de résistance, supports à la fois locaux et foncièrement mobiles ?
  • comment saisir les politiques de la culture ? Des projets, explicites et implicites, à leurs mises en œuvre et aux pratiques qui les portent, quels usages se dessinent ? Sur quels types de transferts (des modèles, des pratiques, des acteurs) reposent ces politiques ?
  • peut-on identifier des bibliothèques impériales regroupant des acteurs/auteurs, des textes, des objets et des pratiques spécifiques et jouant des espaces et des logiques emboîtés des empires pour transformer les articulations, les hybridations et les conflits entre cultures différentes ?

Comité d’organisation

Romain Bertrand (Fondation Nationale des Sciences Politiques, Centre d’Etudes et de Relations Internationales), Hélène Blais (Université Paris X), Caroline Douki (Université Paris 8), Jean-François Klein (INALCO), Mathieu Letourneux (Université Paris X), Marie Salaün (Université Paris V), Emmanuelle Sibeud (Université Paris 8)

Comité scientifique

Robert Aldrich (University of Sydney), Karen Barkey (Columbia University), Jean-François Bayart (CNRS), Susan Bayly (Christ’s College, Cambridge), Kmar Bendana (Université La Manouba-Tunis), Alban Bensa (EHESS), Christophe Charle (Université Paris I), Alice Conklin (Ohio University), Frederick Cooper (New York University), Florence Deprest (Université de Bordeaux), Daho Djerbal (revue Naqd, Alger), Sophie Dulucq (Université Toulouse II), Ruth Ginio (Université Ben Gourion), Eric Jennings (University of Toronto), Patricia Lorcin (University of Minnesota), Isabelle Merle (CNRS), Ann Stoler (New School of Social Research - New York), Ibrahima Thioub (Université Cheikh Anta Diop), Andrew Thompson (University of Leeds), Mercedes Volait (CNRS).
Date limite
  • le jeudi 22 octobre 2009 à 09h
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