Le corps impur et ses représentations dans les littératures médiévales

Palazzo Balbi Cattaneo  -  Aula Magna Via Balbi 2  -  Gênes Italie

Dans les systèmes de valeurs exprimées par les cultures officielles du Moyen-Age – à la fois celles qui appartiennent au Christianisme et celles qui relèvent de l'Hébraïsme et de l'Islam – le corps est normalement marqué par un défaut de fond : son antinomie radicale par rapport à l'esprit, laquelle – comme le rappellent de façon exemplaire les doctrines gnostiques – le relègue dans les dimensions du négatif, en tant que fardeau ou prison dont l'homme doit se libérer pour atteindre l'Absolu. Sur la réalité corporelle pèse un lourd soupçon qui s'exprime à travers la dialectique entre pureté et impureté car à cette réalité corporelle on attribue le pouvoir de contamination : à travers l'idée de corps impur, on exprime la conscience des dangers qui menacent autant l'individu que la société ; ces dangers peuvent avoir les formes du péché, de la maladie, de la ruine, de la désagrégation. Le corps devient alors objet de tabou et la négativité de ses manifestations est contenue par de multiples pratiques de contrôle, d'interdiction, d'éloignement.

Dans les textes médiévaux, où la prise de conscience du danger que représente l'impureté du corps revêt aussi la fonction d'exorcisme, le stéréotype négatif prédomine, tandis que dans d'autres contextes culturels l'impureté peut assumer un statut ambivalent. A côté des représentations positives de la réalité corporelle (comme dans les descriptions des êtres aimés tel que la effictio figurae de la poésie courtoise, ou encore dans la célébration du corps incorruptible des saints et du corps sacré des souverains), le thème du corps impur est exploré à plusieurs niveaux. Cela se passe parfois de façon propre comme dans les manuels médicaux, où l'interdit à des conséquences sur les pratiques liées aux métiers, où dans les traités de morale pratique et particulièrement sexuelle (avec les cas exceptionnels des textes qui récupèrent des conceptions culturelles alternatives comme par exemple dans les Evangiles des quenouilles), l'individu qui de par son métier entre physiquement en contact avec les impuretés est frappé par le tabou de la saleté. Dans d'autres cas et toujours plus fréquemment au fur et à mesure qu'on s'approche de la littérature, le thème est décliné dans les modes du discours métaphorique : l'impureté individuelle peut alors marquer la corruption générale du corps social ; ou bien, en accusant le caractère de contamination des menstruations, elle peut souligner l'infériorité et la dangerosité de la femme ; du reste, les textes religieux sur la miseria humanae conditionis mêlent systématiquement les lexiques de la saleté et du péché.

Le colloque veut explorer la façon avec laquelle la thématique du corps impur que nous avons ici présentée de manière complètement provisoire, trouve sa forme dans des textes appartenant à des différentes aires linguistiques et culturelles du Moyen-Age (principalement l'aire médio-latine, la gréco-orientale, la romane, la germanique, l'arabo-persane, la slave…) à la fois par le biais des instruments de l'analyse littéraire et en ayant recours aux paradigmes interprétatifs des sciences humaines.

Date
  • du jeudi 10 mai 2007 à 15h au  samedi 12 mai 2007 à 13h
Contact
  • VATIN (byzance@ehess.fr)
    CEBNHSEE Bureau 721
    54 bd Raspail 75006 Paris
    0149542335

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