La démolition des ensembles de logements sociaux
salle 9
-
105 bd Raspail 75006 Paris
- 75006 Paris
Poursuivant notre réflexion sur les transformations des villes au travers des pratiques patrimoniales, notre objet d’étude de cette troisième séance portera sur la construction des « grands ensembles » de logements sociaux depuis les années cinquante et la prise en compte, par l’État, de leur démolition comme un arsenal législatif soutenable pour répondre à une obsolescence aggravée du bâti. La rapidité à laquelle ce processus se clôt sur lui-même – à peine une trentaine d’années séparent la construction de la démolition pour certaines réalisations – nous interroge grandement sur les conséquences sociales d’un tel phénomène, sur la prise en compte, dans le débat, du traitement et de la nature des questions patrimoniales. S’il paraît évident que la problématique patrimoniale ne s’arrête pas au strict cadre du bâti – les récentes déclarations de l’UNESCO sur l’extension de la notion de patrimoine matériel au patrimoine immatériel le prouvent – nous pouvons nous demander de quelle façon l’État traite la question de l’histoire sociale des lieux, le tissage magnanime des réseaux entre habitants, bref de tout ce qui relève de l’implicite d’un lieu de vie lorsque le recours à la démolition s’impose. De nombreux travaux socio-ethnographiques ont mis à jour l’importance des récits des habitants dans la constitution d’une identité locale et l’importance consultative (par le bailleur social) de l’acteur « locatif » dans le traitement de la mémoire dynamique des lieux. Le temps relativement court des processus d’obsolescence des logements sociaux construits directement « après la guerre » et jusqu’aux années soixante-dix, la quasi-dépression instantanée des qualités architecturales et urbaines associée à ces projets, nous amène à déplacer la question du patrimoine sur son versant le plus social sans pour autant effacer complètement l’idéologie associée à la notion de patrimoine architectural –impensable, semble-t-il, lorsque l’on se réfère aux « grands ensembles ». S’il est vrai que les collectivités locales parleront plus facilement de sauvetage que de sauvegarde concernant la gestion de leurs logements sociaux, si l’on peut pointer la vacuité même du concept de « grands ensembles » pour définir un lieu de vie collective, il n’en reste pas moins que la question patrimoniale associée à l’architecture des grands ensembles reste incontournable.
Pour cette séance, nous abandonnerons pour un temps le strict terrain ethnographique et social pour prendre en compte une réalité qui se joue en dehors des architectes, des urbanistes et des habitants, c'est-à-dire : celle de l’action politique publique organisée autour de l’État, des collectivités locales et des bailleurs sociaux. Notre invitée, Agnès Berland-Berthon, maître de conférence en aménagement de l’espace et d’urbanisme à l’université de Bordeaux va nous proposer un éclairage de l’action publique dans la manière de gérer la démolition en mettant en avant une approche peu utilisée dans les sciences politiques : l’approche non décisionnelle. Au travers la lecture monographique d’une ou deux démolitions de « grands ensembles », nous verrons, pour reprendre les termes de notre invitée, « (…) comment les systèmes d’action se constituent au niveau local autour de la question du recours aux démolitions dans les espaces concrets des quartiers des espaces sociaux ».
Cet éclairage par le détour des sciences politiques devrait nous permettre de nous interroger en fin de séance sur les passerelles didactiques qui peuvent se nouer avec le terrain ethnographique. De quelle manière, par exemple, l’approche non décisionnelle - caractéristique probante de l’action politique - ne se retrouve-t-elle pas, par capillarité, dans les logiques associatives de quartier ?
Date
-
le
jeudi 18 janvier 2007
de 17h
à 19h
Haut de page