Les Réseaux thématiques de recherche avancée
Éditorial de la Lettre de l'École n°8, novembre 2006
La rentrée 2006 s'est ouverte avec l'annonce, par le Premier ministre, de la liste des Réseaux thématiques de recherche avancée (RTRA) dont le financement a été retenu, après que les projets scientifiques ont été minutieusement examinés par la Commission présidée par Jean Delcourt, de l'Académie des sciences. Sur les treize dossiers finalement sélectionnés, trois concernent les sciences humaines et sociales, et la moisson est particulièrement favorable à l'École puisque l'EHESS apparaît, comme membre fondateur, dans les trois projets. Deux concernent l'économie : il s'agit de l'École d'économie de Paris (en partenariat avec l'université Paris I, l'École normale supérieure, l'École nationale des ponts et chaussées, le CNRS, l'INRA et l'ENSAE), et de Toulouse sciences économiques (associant l'École à l'université Toulouse I et au CNRS). Le troisième a vocation à soutenir la construction d'un réseau national d'instituts d'études avancées (Nantes, Aix, Lyon, et Paris), dévolus à l'accueil, pour des durées de plusieurs mois, de chercheurs étrangers : l'École est engagée dans le projet parisien d'IEA, avec la Maison des sciences de l'homme et l'École normale supérieure. Les statuts de ces RTRA — qui seront créés sous la forme de fondations (établissements publics de coopération scientifique) — devront être prêts pour la fin de l'année.
La création de ces RTRA s'inscrit elle-même dans un
mouvement général, fortement porté par la loi
récente, qui incite les établissements de recherche
et d'enseignement supérieur à s'engager dans une
politique de partenariats leur permettant d'accéder, dans
une situation marquée par l'intensification de la
concurrence internationale, à une visibilité
suffisante et à une meilleure efficacité. Le fait est
que l'École, qui entretient de longue date un tissu
très dense de relations avec des institutions
françaises et étrangères, dispose d'un
savoir-faire solidement constitué pour entrer dans ces
logiques de coopération à grande échelle. Mais
cette ouverture est une raison supplémentaire pour
travailler, dans le même temps et avec la même
énergie, à consolider et à renforcer le
maillage des échanges — échanges entre
individus et entre équipes, pratique continue de
l'interdisciplinarité, transversalisation constante des
questionnements — qui sont sa marque propre et l'assise
de l'identité singulière qu'elle revendique.
La volonté d'opérer ce renforcement scientifique
et le souci de faire face au risque de fragmentation qui
procède de la démultiplication des implantations de
l'École en région parisienne est au principe du
projet de déploiement immobilier, objet d'échanges
animés parmi nous depuis quelques mois. Il est indispensable
que tous les personnels de l'École se saisissent de cette
réflexion, d'autant qu'à plus ou moins brève
échéance, le bâtiment du 54 devra être
livré aux opérations de désamiantage. Mais il
est nécessaire aussi que la vie de l'École s'inscrive
en même temps dans des manifestations collectives où
puisse s'exprimer la vigueur d'un engagement intellectuel commun,
donnant toute sa place à la diversité des
perspectives qui traversent notre communauté. C'est le sens
des journées placées sous le chef des « Débats
de l'EHESS » qui auront lieu les 8, 9 et 10 novembre et dont le
programme vous est rappelé dans cette Lettre de
rentrée.
Tous ces chantiers vont nous occuper intensément pendant
les mois qui viennent. La coopération des imaginations et
des énergies qu'ils appellent au sein de l'École est
aussi indispensable pour dénouer les troubles liés
à des changements inévitables que pour conjurer les
risques — plus redoutables encore — de
l'enlisement. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous y investir tous activement !
Date
-
le
mercredi 1er novembre 2006
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