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Trop souvent traitée de façon émotionnelle, la guerre en Tchétchénie est l'objet de nombreux contresens et d'explications simplistes qui attribuent aux manipulateurs le don d'ubiquité. Sommes-nous dans un conflit piloté depuis Londres par Boris Berezovski, depuis Istanbul par la minorité caucasienne, depuis Washington par les anti-russes, ou depuis Moscou par les hommes d'affaires tchétchènes, qui amasseraient une fortune sur les cadavres d'une guerre sale ?
Certaines actions procèdent, sans doute, de manipulations. Mais une vision réaliste conduit à nous poser des questions de bon sens : si Chamil Bassaev était juste une créature du Kremlin, continuerait-il de vivre terré dans un trou de forêt hostile avec au quotidien la souffrance d'une prothèse à la jambe ?
A mi-chemin entre la guerre coloniale, le « choc des civilisations », le banditisme et le terrorisme, le conflit russo-tchétchène est, selon nous, d'une plus grande complexité. Que faut-il, par exemple, penser d'un Tchétchène islamiste par intérêt, indépendantiste dans le coeur et fonctionnaire à temps partiel dans les milices loyalistes, ou d'un militaire russe trafiquant.

Ancien élève de l'institut Pouchkine de Moscou et diplômé de l'Institut Supérieur des Affaires de Défense (Paris II), Arnaud Kalika est doctorant au CEMI-EHESS et analyste au ministère de la Défense.

Au CEMI, Arnaud Kalika travaille sur les rapports entre le leadership russe et le conflit tchétchène depuis 1990.