L'Autochtonie en question : regards croisés France / Québec
EHESS Amphithéâtre
-
105 boulevard Raspail
- 75006 Paris
Colloque International
Depuis quelques décennies, les problématiques autochtones s'imposent comme des enjeux politiques majeurs dans plusieurs régions du monde. Les peuples autochtones ont en effet été impliqués, en particulier depuis les années 1970, dans des mouvements nationalistes et souverainistes, ainsi que dans toutes sortes de luttes pour la décolonisation, l'autodétermination et la reconnaissance de leurs droits. Ces luttes se tiennent à la fois sur les scènes nationales et internationale. Au niveau international, ces luttes se font à travers la formation de réseaux autochtones et l'affirmation de leurs droits et de l'importance de la culture des Premiers Peuples face au reste du monde. Les travaux de l'Organisation des Nations Unies (ONU) sur la définition des droits des peuples autochtones sont révélateurs de l'importance globale des problématiques autochtones, tant aux plans politique que juridique. Plusieurs auteurs considèrent d'ailleurs que la redéfinition des rapports entre l'État moderne et les collectivités autochtones constitue un des grands défis du XXIe siècle, aussi important pour l'Occident que l'est la décolonisation.
Un des objectifs de ce colloque est de réunir différents spécialistes des questions autochtones afin de faire le point sur la manière dont le concept d'autochtone et donc l'objet d'étude « autochtone » est construit dans l'espace francophone, en particulier en France et au Québec. En France, l'utilisation du concept d' « autochtone », dans son acception actuelle, est relativement récente étant donné, entre autres facteurs, l'absence de populations définies comme autochtones et qui se définissent comme telles sur le territoire métropolitain. La tradition républicaine est probablement un facteur déterminant, au sens où la laïcité a historiquement exclu de l'espace public la possibilité pour le citoyen de revendiquer un particularisme culturel. Des chercheurs français ont certes, depuis longtemps, étudié les populations dites « autochtones » ou « indigènes », mais sans toujours repenser ces notions directement issues des colonisations et sans toujours considérer les rapports de subordination et de dépendance qui les lient à des populations dominantes et à un « nous » plus large occidental, puissant et moderne. L'importance et la richesse tant dans les domaines ethnographique que théorique de la tradition anthropologique française n'ont pas besoin d'être soulignées. Cela dit, les études qui se développent aujourd'hui au Québec et qui portent sur les populations qui s'identifient elles-mêmes comme autochtones et qui revendiquent des droits comme tels, notamment à l'ONU, se différencient sous divers angles de ce que la tradition française a produit jusqu'à présent. Il devient alors intéressant d'interroger les influences des systèmes étatiques et des contextes nationaux sur la théorisation relative à l'autochtonie.
Date
-
du
mardi 13 juin 2006 à 09h au
mercredi 14 juin 2006 à 20h
Haut de page