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Colloque

En cette année de célébration du centenaire de la naissance de R. Aron, il nous a paru important de réfléchir à la portée qu'eut l'histoire non seulement sur l'œuvre de R. Aron et ses objets d'analyse mais aussi sur l'héritage qu'il nous laisse. Depuis le séjour en Allemagne en 1930, vécu comme une véritable rupture philosophique, jusqu'aux analyses des Dernières années du siècle, depuis les thèses de philosophie de 1938, soutenues quelques jours après l'Anschluss, jusqu'aux réflexions sur le marxisme, le totalitarisme et le rôle des idées sur la marche d'une époque, l'histoire définit la spécificité de son regard sur le monde contemporain.

La pensée de l'histoire apparaît également centrale pour comprendre la cohérence d'une oeuvre et d'une action, celle du "spectateur engagé" comme il aimait à se définir, en qui se sont rencontrés le monde de l'université et celui de l'intervention du publiciste. Elle permet de saisir la singularité de la position de celui qui, conscient du caractère tragique de l'évolution humaine, s'opposa aux philosophies de l'histoire comme à tout déterminisme causal, occupant ainsi une place à part dans un paysage intellectuel successivement dominé, en première analyse, par la philosophie rationaliste, le marxisme puis le structuralisme.

L'histoire s'affirme essentielle enfin pour mesurer l'influence qu'exerce aujourd'hui, plus encore qu'au lende­main de sa disparition, l'œuvre d'Aron sur les sciences humaines en France, pour réfléchir aux médiations qui nous y conduisent dans un contexte épistémologique profon­dément transformé depuis vingt ans et analyser le cadre qu'il nous a légué pour repenser le rôle des intellectuels.