Polyphonie de l’écriture féminine dans le Japon moderne

EHESS - Salle 7  -  105, bouelvard Raspail  -  75006 Paris

Claire Dodane (Université Lyon 3) donnera une conférence dans le cadre du séminaire collectif du Centre Japon.

Résumé

En empruntant son titre à la musique vocale et à un concept bien connu de la théorie littéraire, l’intervention propose de rendre compte de la diversité des voix dans l’écriture féminine du Japon moderne, en particulier entre les années 1880 et 1920. Plusieurs niveaux de polyphonie sont observables. Tandis que dans la première partie de l’ère Meiji, on assiste à une sorte d’écriture utopique de la modernité, c’est vers 1995 l’écriture du malheur et du poids du patriarcat qui constitue une unité thématique significative, avant que l’ère Taishô ne révèle une écriture du corps et de l’intimité.

Pour reprendre le théoricien russe Mikhaïl Bakhtine, les consciences individuées et indépendantes qui transparaissent dans le roman abritent souvent un dialogisme interne, c’est-à-dire la division du sujet dont le « je », instable, est en interrelation permanente avec les mots d’autrui : la nouvelle La Treizième nuit (Jûsan’ya, 1895) de Higuchi Ichiyô (1872-1896) en est un exemple probant.

Il peut arriver aussi que les écrivaines, essayistes et poétesses qui animent le débat sur les femmes dans les années 1910 confrontent la divergence de leurs points de vue sur des sujets précis, comme par exemple la création d’un salaire maternel en 1918. Le concept de polyphonie s’adapte bien aussi à la réception qui est faite de l’écriture de telle ou telle auteure phare, telle que Higuchi Ichiyô par exemple, en particulier lorsque l’on observe sur un siècle les interprétations multiples qui ont pu être faites de son œuvre. Il peut arriver aussi qu’une même auteure exprime au long de sa carrière des points de vue fluctuants au sein d’une même thématique, comme ce fut le cas de Yosano Akiko (1878-1942) en poésie au gré des différentes guerres du Japon moderne. Enfin le travail de traduction, qui est préliminaire à toute recherche sur l’écriture féminine japonaise moderne, reflète de manière éloquente le concert de deux voix unies dans une même intention.

Date
  • le jeudi 3 décembre 2015  de 13h  à 15h
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