Les technologies de l'information et de la communication sur l’internet ont induit de nouveaux rapports entre le pouvoir et la société. Ils ont obligé l’Etat-parti chinois à évoluer afin d’éviter que le réseau ne se pose en un véritable outil fédérateur de l’opposition. Ce défi posé, le Parti communiste chinois a fait progressivement de cette menace technologique un atout décisif dans sa
pérennisation au pouvoir. En proposant une nouvelle gouvernance, où la participation des citoyens à la vie politique devient un gage de stabilité sociale, le Parti est parvenu à séduire un grand
nombre de groupes sociaux présents sur la toile. Cette propagande 2.0 s’inscrit notamment sous la forme de l’ideotainment décrit par Lagerkvist, où le contrôle de la narration évolue sur un mode plus informatif et ludique. Parallèlement, la domination étatique se trouve sans cesse renforcée par la mise en place de moyens de contrôle techniques et humains colossaux, destinés à effacer toute trace de contestation de l’agora numérique et de sa mémoire collective. Le deuxième volet de l’étude analyse d’un point de vue sociologique les réactions des internautes dans cet espace public idéalement habermassien, où les modes d’appropriation et la rhétorique se trouvent instrumentalisés à leur tour en tant qu’enjeux de pouvoir vis-à-vis des dirigeants. La caractérisation du régime politique au prisme de sacommunication en ligne est la dernière piste qui s’appuie sur les théories de Claude Lefort, au sujet de la politique d’adhésion du Peuple-un au Parti-Un, contre l’Autre. C’est par cette mue post-totalitaire, constituée au travers d’une politique de communication pragmatique et hégémoniste selon la définition gramscienne, que les élites du Parti ont maintenu leur pouvoir et ont réussi, selon la formule de Lampedusa, à tout changer pour que rien ne change.
Les annexes fournissent de nombreuses informations pratiques et illustrées sur l’histoire et le fonctionnement de l’Internet en Chin