Il s’agira d’examiner quelques manières de conceptualiser et d'investir les directions de l'espace dans le kaḷarippayaṟṟụ, art martial du Kerala. Nous verrons d'abord que, comme dans plusieurs arts martiaux, dans le kaḷarippayaṟṟụ aussi les pratiquants évoluent dans un espace rituellement investi et spécifiquement orienté. Deuxièmement, nous verrons comment différents styles de pratique utilisent l'espace de l'entraînement. Enfin nous aborderons de manière plus approfondie les conceptions d'un maître de kaḷarippayaṟṟụ, concernant le fonctionnement de cet espace microcosmique qu'est le corps du pratiquant.
Le qigong « pratiques du qi, travail du souffle, exercices de l'énergie vitale », ou encore pratiques du corps et de cultivation de soi, est un ensemble de pratiques et de savoirs à dimension thérapeutique et religieuse. Il se
décline en de nombreuses formes héritées de pratiques religieuses, médicales et martiales qui renvoient à des éléments fondamentaux de la pensée et de la culture chinoises. Dans le cas du qigong médical s’ajoute à cette configuration des éléments de biomédecine et de biologie. A partir d’une étude ethnologique menée en Chine dans les années 1990, je décrirai d’abord les espaces d’entraînement ou de pratique clinique ainsi que les espaces mentaux qui y sont associés, et je donnerai ensuite des clés d’analyse. Au sein de l’espace du qigong,le corps du pratiquant est transfiguré et les mouvements s’inscrivent dans un champ spatio-temporel en perpétuelle transformation.