Vincent Nicolas, « Les ayllus de Tinguipaya (Potosí, Bolivie). Essais d’histoire à plusieurs voix »

FMSH - Salle 318  -  190-198, avenue de France  -  Paris 13e
Le CERMA et Mondes Américains sont heureux de vous inviter à la soutenance de thèse en anthropologie de Vincent Nicolas « Les ayllus de Tinguipaya (Potosí, Bolivie). Essais d’histoire à plusieurs voix ».

Jury

  • Véronique Boyer, directrice de recherche au CNRS (CERMA), co-directrice de thèse
  • Gilles Rivière, maître de conférences à l'EHESS (CERMA), co-directeur de thèse
  • Jean-Philippe Husson, Professeur à l'Université de Poitiers
  • Tristan Platt, Professeur à St Andrews University
  • Vincent Hirtzel, Chargé de recherche au CNRS (EREA-LESC)

Résumé

La thèse a pour objet l’histoire et la mémoire de Tinguipaya. Elle tente de reconstruire le passé des ayllus de Tinguipaya à partir de l’empreinte que celui-ci a laissé dans la mémoire collective mais aussi à partir des documents conservés dans les archives historiques. Il s’agit notamment de confronter les histoires orales transmises dans les ayllus, recueillies en quechua, avec les documents écrits, de comparer leurs points de vue et versions des faits, et d’interpréter chacune de ces deux sources à la lumière de l’autre. La démarche est indiciaire au sens où elle progresse à partir d’indices, souvent ténus, pour les relier entre eux et ainsi faire surgir une nouvelle version de l’histoire. Celle-ci n’est alors ni celle qui se raconte dans cette communauté ni celle qui pourrait être produite à la lecture des seules sources écrites mais bien le produit d’un dialogue entre savoirs.

La recherche porte sur une histoire longue de cinq cents ans. Elle part du moment actuel et de la manière dont le passé est remémoré aujourd’hui au travers des histoires et des rites pour remonter jusqu’aux origines de Tinguipaya : la création du village de réduction vers 1575 et le processus d’ethnogenèse qui s’en suivit. Les habitants de Tinguipaya content un certain nombre de « mythes d’origine » qui permettent de mieux comprendre comment les réformes tolédanes furent vécues par les populations indigènes et comment ce vécu fut transmis aux générations suivantes.

À partir du rituel du cabildo (rituel qui accompagne le payement de la taxe) tel qu’il se pratique actuellement, la thèse examine l’évolution de ces trois institutions coloniales fondamentales que sont le caciquat, le cabildo et le tribut, lesquelles constituent encore aujourd’hui les piliers de l’organisation sociale et politique de Tinguipaya.

L’histoire de Tinguipaya est aussi l’histoire d’une lutte incessante pour défendre son identité, son territoire et son organisation politique. Les histoires orales et les archives historiques témoignent des formes de résistance qu’opposèrent les ayllus aux politiques libérales sur la terre (ex-vinculación) et aux tentatives d’annexion des haciendas. La lutte des caciques délégués (apoderados) au XIXe siècle, le soulèvement de Tinguipaya en 1900 et l’assassinat d’un étranger (gringo) après la guerre du Chaco montrent les liens étroits entre la micro histoire de Tinguipaya et l’histoire de la Bolivie.

Les narrations orales et les documents écrits constituent les deux principales sources de cette recherche. Cependant, malgré l’abondance de la mémoire-narrative, on constate également des « trous de mémoire ». La thèse cherche donc aussi à voir si au-delà de la mémoire explicite, il n’est pas possible de retrouver dans certaines pratiques rituelles la trace d’un passé apparemment oublié.

La thèse cherche à mettre en valeur les récits historiques propres aux ayllus de Tinguipaya et ainsi à faire connaître une historiographie encore largement ignorée qui permet de remettre en question l’histoire officielle.
Date
  • le jeudi 6 novembre 2014 à 14h
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