Corps politiques. Sport et combats civiques des Africains-Américains à Washington, D.C., et Baltimore (v. 1890-v. 1970)

EHESS  -  105, boulevard Raspail  -  75006 Paris
Nicolas Martin-Breteau soutiendra sa thèse intitulée "Corps politiques. Sport et combats civiques des Africains-Américains à Washington, D.C., et Baltimore (v. 1890-v. 1970)", dirigée par M. François Weil, directeur d'études, au Centre d'Etudes Nord-Américaines (CENA).

Jury

  • M. Andrew J. Diamond, professeur à l'université Paris-Sorbonne
  • Mme Frédérick Douzet, professeure à l'université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis
  • M. Bernard Genton, professeur à l'université de Strasbourg
  • M. Pap Ndiaye, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
  • M. François Weil, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

Cette thèse explore le rôle du sport dans les luttes pour la dignité, l'égalité et les droits des Africains-Américains de Washington, D.C., et de Baltimore entre les années 1890 et les années 1960. Son propos est de montrer comment le sport a constitué un moyen d'action politique cherchant à renverser les préjugés raciaux sur l'infériorité « naturelle » du corps noir justifiant son oppression sociale. De ce point de vue, la monstration publique de la dignité du corps noir fonctionna comme une revendication d'égalité symbolique, palliant la relative privation de parole subie par les Africains-Américains, alors exclus de la communauté citoyenne. Il s'agit donc de montrer que les luttes politiques africaines-américaines eurent le corps comme lieu et enjeu, utilisant le sport comme un moyen performatif d'élévation des corps individuels en vue de l'émancipation collective. Depuis la fin de la Reconstruction, les élites africaines-américaines promurent en effet le sport comme l'un des éléments centraux de l'entreprise perfectionniste d'« élévation de la race » visant l'intégration civique.

La première partie présente la formation du discours sur l'élévation corporelle de la race et les institutions (lycées, universités, associations sportives, etc.) qui le mirent en acte entre les années 1890 et les années 1920. Dans cette période, la lutte pour la reconnaissance fut organisée selon les normes victoriennes de la société blanche américaine. En ce sens, cette lutte fut à la fois conformiste et révolutionnaire, puisqu'en cherchant à renverser les stéréotypes établis sur les corps noirs, elle entendait intégrer un certain régime de vérité sur l'humanité. Dans le cadre de la Renaissance noire et du Mouvement pour les droits civiques alors naissant, la deuxième partie explique l'évolution de cette tactique politique vers une posture plus militante. Entre les années 1920 et les années 1950, l'étude du Football Classic, de trois parcours de vie, des campagnes de déségrégation des espaces de loisir à Washington et Baltimore montre comment cette revendication à la reconnaissance se fonda désormais sur une identité noire considérant les droits de l'homme comme universels et inaliénables.
Située entre les années 1930 et les années 1960, la dernière partie de ce travail analyse l'apogée de la célébration du sport comme force de démocratisation sociale selon l'exigence du fair play. Au même  moment, la compréhension nouvelle des questions de race non plus comme résultats des préjugés psychologiques mais comme résultats des structures sociales, le séparatisme racial des tenants du Black Power ainsi que l'effondrement socio-économique des ghettos noirs furent à l'origine d'une très profonde remise en cause de l'entreprise d'élévation de la race elle-même.

Pour en savoir plus sur le travail de Nicolas Martin-Breteau, voir l'article « Différence des corps, égalité des droits : le sport et la reconnaissance des “races de couleur” (États-Unis, Caraïbes, v. 1850-v. 1950) », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, mai 2013, http://nuevomundo.revues.org/65355.

Date
  • le samedi 16 novembre 2013 à 09h
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