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Séances spéciales de séminaire

Il est désormais largement reconnu qu’en République populaire de Chine les dites « nationalités minoritaires » sont l’objet d’une attention toujours soutenue, non plus seulement pour ce qui relève de leur intégration économique et sociale, mais aussi à des fins de développement touristique et de mise en valeur culturelle. Cette ressource culturelle riche et variée que représentent les minorités de Chine est donc l’objet de divers enjeux patrimoniaux. Les Drung (Dulong) de la province du Yunnan sur lesquels cette présentation se focalisera ont vu leur rituel du nouvel an devenir un « festival » officiellement répertorié sous le nom chinois de Kaquewa. Cette fête censé représenter les Drung dans leur ensemble est désormais listée dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel, alors même qu’à ce jour ladite fête n’est plus pratiquée par les intéressés depuis plusieurs années. J’ai exploré le contexte particulier de la disparition de cette cérémonie et du rituel qui lui est lié, ainsi que sa brève résurgence suite à un processus de négociation entre les villageois et les représentants locaux du pouvoir, et avec l’ethnologue (Gros 2012). Revenant sur ce contexte particulier qui a conduit les acteurs impliqués à une nécessaire reconstruction de la « culture » drung, je voudrais poursuivre la discussion sur la manière d’interpréter un tel phénomène d’objectification. Le discours des membres de la communauté de référence concernant leurs propres traditions, le problème de la transmission et de la disparition, seront au cœur du questionnement qui vise à dépasser la critique de la folklorisation comme volonté idéologique de reconstruire les traditions disparues, ou d’en inventer d’autres. C’est une forme d’ambivalence de la démarche patrimoniale que je chercherai à mettre au jour, liée à cette tension entre la volonté de savoir et la volonté de détruire ou de laisser s’installer l’oubli, entre la volonté de la conservation et celle du changement.