The New Arab Revolutions that Shook the World


Dernier ouvrage de Farhad Khosrokhavar directeur d'études EHESS :

Farhad Khosrokhavar, The New Arab Revolutions that Shook the World, Paradigm Publishers, Boulder, USA, 350 pages, mai 2012.

Dans ce livre Khosrokhavar dresse l’historique des mouvements démocratique dans le monde arabe dans la dernière décennie, en comparaison avec l’Iran. Il donne une vue synoptique de ces mouvements, et en particulier, de leurs acteurs, autant anciens que nouveaux.

Les anciens acteurs sont les syndicalistes, les ouvriers, les chômeurs en quête désespérée d’un emploi. Les nouveaux acteurs sont les «netizens », les nouveaux défenseurs du droit de l’homme (la nouveauté est leur nombre élevé et leur conscience d’appartenir à une mondialité morale), les journalistes auto-proclamés ainsi que la jeunesse plus ou moins éduquée.

L’auteur analyse en particulier l’avènement des femmes qui parviennent
quelquefois à se rehausser au niveau du leadership de mouvement de révolte sans
s’assurer d’une composante nécessairement féministe dans ces mouvements.

L’auteur décrit et analyse ces mouvements sur fond d’une évolution démographique et éducative importante dans la région, avec des formes de socialisation nouvelle, au sein de nouvelles formes de corruption et de répression ouvertes par la période d’Infitah (Ouverture économique des régimes). Il insiste sur la nature spécifique de ces mouvements « effervescents» dans le sens durkheimien, avec unification d’une grande partie de la société civile pour des périodes plus ou moins courtes contre les dictatures, ce qui donne par la suite la clé des formes de « refroidissement » de ces mouvements où les formes de rupture apparaissent en leur sein.

L’auteur analyse autant les tendances à la démocratisation que les obstacles qui s’y dressent : le sectarisme, les conflits religieux (chiite versus sunnite, kurde versus arabe, formes tribales d’affiliation avec les types d’alliance et de rupture d’alliance qui s’opposent à une stabilisation de l’Etat….), la manipulation par des Etats autoritaires des mouvements sociaux, ainsi que la lutte pour l’hégémonie au niveau des acteurs régionaux et internationaux (Les Etats-Unis, Israël, l’Arabie Saoudite, l’Iran)ainsi que l’émergence ou le renforcement des acteurs politiques étatiques (la Turquie, Qatar) mais aussi des structures transnationales arabes (comme la Ligue Arabe…).

L’ouvrage montre comment les diverses tendances démocratiques affrontent les divisions de la société, divisions accentuées par les Etats autocratiques, mettant fin à la réussite « facile » du début des révolutions arabes (les cas tunisien et égyptien).

Pour conclure, l’auteur souligne l’irréversibilité des révolutions arabes et l’émergence de nouveaux types d’intellectuels qu’il qualifie d’ « intellectuels intermédiaires » où des activistes du corps médical, des artistes de Rap et de Hard Metal ainsi que des « netizens » jouent un nouveau rôle pour la promotion des « intellectuels modestes » qui n’entendent plus être d’avant-garde et suivent le mouvement plutôt que de vouloir lui imprimer une direction par le haut.

L’ouvrage insiste particulièrement sur la dimension symbolique des révolutions arabes où les formes de mobilisation à la « Place Tahrir » côtoient d’autres types de mobilisation (dans le sens du mouvement tout au long des axes et des « avenues » en contraste avec le modèle de fixation sur un espace géographique chargé de symboles). Il décrit aussi les formes de traitement symbolique des régimes autocratiques où, à la différence des mouvements islamistes marqués par un «sérieux mortel», ces mouvements procèdent par une ironie désacralisante. Les nouvelles formes de tolérance, de non-violence, mais aussi leurs limites sont bien marquées dans cet ouvrage.

Date
  • le vendredi 28 septembre 2012

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