Chocolat, clown nègre

Jeune esclave cubain vendu à un marchand portugais, valet de femme, groom, puis mineur à Bilbao, Rafael arrive à Paris en 1886 et s’impose rapidement comme un artiste de cirque. Il fait rire les Français qui n’ont jamais vu de Noirs en devenant Chocolat, « le clown nègre », l’auguste battu par Foottit, le clown blanc. Ami de Toulouse-Lautrec, il devient l’un des personnages les plus populaires de la scène parisienne. Mais l’Affaire Dreyfus marque un coup d’arrêt dans sa carrière. Désormais le clown nègre ne fait plus rire, et Chocolat devient encombrant. Rafael meurt en 1917, dans la misère. Enterré dans le carré des indigents, il n’aura pas sa place dans notre mémoire collective, et son rôle ne sera jamais reconnu dans l’histoire du spectacle vivant.

En retraçant l’itinéraire exceptionnel d’un artiste qui fut aussi danseur, chanteur et comédien, Gérard Noiriel s’interroge sur les raisons de son triomphe et de son déclin, sur les stéréotypes d’une époque qui vit de manière concomitante la naissance des actualités et de la publicité. Il décrit les combats d’un homme qui sut défendre sa dignité en jouant sur les préjugés de son temps et réhabilite ainsi celui qui a été jusqu’aujourd’hui “chocolat” dans notre histoire nationale.

Date
  • le jeudi 8 mars 2012
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