Thomas Fouquet soutient sa thèse le mardi 13 décembre à 13h

EHESS Salle Alphonse-Dupront  -  10 rue Monsieur le Prince  -  75006 Paris

Thomas Fouquet soutiendra sa thèse en anthropologie sociale, le mardi 13 décembre 2011 (13h-17h), à l'EHESS, salle Alphonse-Dupront, 10 rue Monsieur le Prince, Paris 6ème, sous la direction de Michel Agier.

La thèse s’intitule « Filles de la nuit, aventurières de la cité. Arts de la citadinité et désirs de l’Ailleurs à Dakar ».
 Résumé : Cette thèse s’appuie sur une enquête ethnographique conduite auprès de jeunes femmes sénégalaises qui se produisent quotidiennement dans des bars et boites de nuit de Dakar. La fréquentation de ces ‘‘ailleurs sociaux’’ leur permet de négocier diverses formes d’échanges économico-sexuels, souvent auprès de partenaires occidentaux, mais aussi de réinventer leur positionnement social en s’affranchissant de certaines frontières physiques et symboliques par la projection imaginaire dans des mondes plus vastes. Je nomme ces jeunes femmes aventurières de la cité afin d’évoquer les postures critiques et les trajectoires sociales alternatives qu’elles impriment dans les interstices spatio-temporels de la grande ville. La déclinaison de l’aventure au féminin et dans un cadre local/urbain fournit un contrepoint aux discours sociaux dominants qui voient dans ces jeunes femmes des « filles de la nuit » – métaphore prostitutionnelle fréquente à Dakar qui exprime une condamnation morale très explicite. L’approche dialectique aventurières/filles de la nuit met l’accent sur la tension entre identité prescrite et identité choisie. Elle permet d’envisager conjointement la stigmatisation sociale et les contraintes qui enserrent ces jeunes femmes d’une part, les performances identitaires et les narrations de soi qui sont au fondement de leurs pratiques et trajectoires sociales d’autre part.

En filigrane des carrières de la nuit observées au plus près des stratégies de prédation et de subjugation des « sponsors » masculins, se dessinent des trajectoires d’extraversion rendues possibles par les compétences cosmopolites peu à peu acquises par les actrices. C’est sous cette optique que la question des désirs de l’Ailleurs fait l’objet d’un examen critique approfondi. Comment observer et interpréter ce qui se passe lorsque “se désirer Ailleurs” se heurte à l’enracinement contraint, mettant ainsi l’imaginaire et le corps – lieux de toutes les transpositions possibles – au travail ? Comment replacer la ‘‘culture de la migration’’ au Sénégal dans une trame sociale-historique de l’extraversion qui intègre une gamme de configurations sociales et historiques bien plus étendue ? Quelles en sont les spécificités générées et quels enjeux de savoir propres à la définition d’un art de la citadinité subalternenpeuvent être identifiés ? Enfin, quels sont les apports de telles analyses pour
la compréhension des débats contradictoires de la modernité dont le Sénégal est le théâtre depuis le milieu du XXème siècle ? Les trajectoires des aventurières de la cité permettent de saisir la portée
critique propre à l’invention d’un exil imaginaire – une prise de distance sociale et culturelle, un dépaysement sur place. Elles révèlent desarticulations complexes entre l’ici et l’Ailleurs, l’Autre et le semblable, mais aussi l’interdit et sa transgression, la réalité et le rêve, l’être et le paraître. Les configurations étudiées sont imprégnées de tels enchevêtrements, dans lesquels se jouent non seulement des formes d’énonciation de soi, mais des aspirations à une « autre histoire » possible qui comportent intrinsèquement des formes de contestation implicite. C’est sous cet angle que je me suis efforcé de comprendre les politiques du style qui émergent dans le sillage de ces cheminements sociaux alternatifs. Ceux-ci introduisent un questionnement de la modernité et du cosmopolitisme, non pas à l’aune de configurations achevées, universelles et stables, mais comme des terrains de
contestation historiquement constitués et sans cesse réactualisés.

Le jury est composé de :
-         Michel AGIER, Directeur de recherche à l’IRD, EHESS (Directeur de la thèse)
-         Richard BANEGAS, Maître de Conférences, Université Paris 1, HDR (rapporteur)
-         Rémy BAZENGUISSA-GANGA, Professeur des Universités, Université de Lille
-         Sylvie BREDELOUP, Directrice de recherche à l’IRD, Université de Provence (rapporteure)
-         Ibrahima THIOUB, Professeur des Universités, Université Cheikh Anta Diop de Dakar

 


Date
  • le mardi 13 décembre 2011  de 13h  à 17h
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